On ne sait depuis quand
vieux de plusieurs siècles sans doute
l'orme embrasse le kiosque du village
De ses branches ramifiées de tous côtés
il soutient l'été intense mais sans âme qui vive
Je songe à celui qui habitait son ombre
appuyé contre le vieil arbre
dont l'écorce se détache ici et là, comme des écailles
Celui qui aurait voulu lui ressembler et qui lui ressemblait
qui voulait vivre comme lui et qui parfois vivait ainsi
Paroles transportées par le vent
Traces accumulées par le temps
Tant de vies déposées puis enfouies
Il les aurait accumulées dans son corps
en de multiples couches au fil des années
Cernes de cellules transparentes comme de la glace
L'arbre est à présent un paysage solide
Je ne me laisserai pas comme mon père
facilement ébranler
ne me laisserai pas vaincre aussi tôt
ne m'écroulerai pas ainsi
Kwak Hyo-hwan
C'est l'heure où le monde s'agrandit
Onze poètes coréens de notre temps
Anthologie établie et traduite par Kim Hyun-ja
Éditions Bruno Doucey, 2021