12 mars 2022 6 12 /03 /mars /2022 10:26

 

 

 

 

 

28 mars

 

 

 

Même si le monde croît encore,

même si, sous l'écorce, la vie se renouvelle

et dure,

le rêve si souvent est suspendu,

et c'est dans l'éphémère

que tu murmures encore.

    L'arbre se lève

et le jour,

partons !

à l'heure première,

puisque une sève nous porte,

puisque toujours la nuit se pose

sur le feuillage de l'être

et la mort,

noire lumière

qui brûle les instants.

    Même si le monde croit encore,

tu bois le silence

et le vent qui balance

les certitudes.

    La vie s'élève ou tombe ?

Quand pardonneras-tu ?

 

 

 

 

 

Éric Sivry

Revue " Phréatique "

n°70, 1996

 

 

 

 

 

 

25 mars    Les fleurs du saule

 

 

 

Les fleurs du saule sont semblables aux flocons de neige ;

Comme eux, elles n'ont point d'intention arrêtées :

Elles ne se soucient pas de savoir où elles se reposeront ;

Elles suivent seulement le vent qui les entraîne.

 

 

 

Yuan Tsen-Ts'aï

1716-1797

 

 

 

 

 

 

24 mars    Sous les platanes - Romance catalane

 

 

 

 

Quand vient la saison printanière,
Sous le beau ciel de Perpignan,

 

        1er couplet

 

Les Catalans pour se distraire,
Recherchent les coins attrayants,
Mais de tous celui qu’ils préfèrent,
À l’heure où le soleil descend,
C’est les platanes centenaires,
Le rendez-vous le plus charmant ;
Quand souffle la brise des nuits,
Les promeneurs viennent sans bruit…

 

 

        Refrain

 

Sous les jolis platanes blancs de Perpignan
Quand revient le printemps, ah ! c’est charmant,
Les couples d’amoureux, s’en vont le cœur joyeux,
Cherchant les coins ombreux pour s’aimer mieux.
Ah ! qu’il fait bon se promener au clair de lune,
Blondes et brunes aux yeux troublants,
Le bonheur règne dans les cœurs quand revient le printemps,
Sous les platanes blancs de Perpignan.

 

 

        2ème couplet

 

Mais bientôt la ville est en liesse,
C’est l’époque du Carnaval,
Les jeunes gens pleins d’allégresse,
Dans le Corso ouvrent le bal.
Avec les belles Catalanes,
Qu’ils tiennent gaiement par le bras,
Ils dansent rondes et sardanes
Au son joyeux d’une cobla ;
Les tambourins, les violons, entraînent les gais tourbillons…

 

 

        Refrain

 

 

        3ème couplet

 

Les beaux jours comme la jeunesse,
Passent trop vite au gré de tous,
Sous les platanes en détresse,
L’hiver pourtant y paraît doux.
Et quand parfois le soleil pose,
Sur leurs branchages effeuillés,
Un chaud rayon teinté de rose,
Les bons vieux vont s’y réchauffer !
En souvenir de leurs vingt ans,
Ils fredonnent tout doucement…

 

 

 

 

Paroles de Carolus
Musique de Carolus et d’Abel Monestès  
Astaffort, Éditions la Gascogne, 1930

 

promenade-perpignan.com

 

 

 

 

Sous les platanes - Romance catalane

La Promenade des Platanes, Perpignan

 

 

22 mars   

 

 

 

Cerisiers en fleurs

la joie de les contempler

avant les noyaux

 

 

 

Hubert Haddad

Les Haïkus du peintre d'éventail

Zulma, 2013

 

 

 

 

 

 

 

20 mars    Sur-végétal

 

 

 

Existe-t-elle la matière avant de recevoir

à profusion la vie, de la racine à l’écorce

la voix se met à trembler dans les veines

et le noyau s’éclate aux lisières des feuilles

animées d’impulsions primitives, de rythmes

ordonnés aux forces maternelles, à l’ébranlement

mystérieux des formes en voie de naître

à la source immobile où l’espace s’innerve…

 

Infimes particules fluides du pouvoir

créateur, libres de s’étonner, en symbiose

invisible avec le lieu où l’étoile du sang

cherche un point fixe à la fleur de la sève

souffrant dans sa lueur l’eau de son firmament.

 

Dans une relation choyée de résonance

la lumière en naissant éclaire sans brûler

le visage de l’arbre à la vitre éphémère…

 

 

 

 

Pierre-Bérenger Biscaye

Klee pour la poésie

Parcimonieusement garni de feuilles

Presses universitaires de Bordeaux, 1991

 

 

 

Paul Klee

Park near Lu., 1938

Zentrum Paul Klee, Berne

 

 

 

 

19 mars    Renaître de l'arbre

 

 

 

À Claire Delannoy.

 

 

Renaître de l'arbre

De corps et d'Esprit

Qui pèse l'obstacle

Bientôt le franchit

 

Semer des clarines

À flancs de coteaux

Chercher sous l'ormeau

La source qui brille

 

Et boire haletant

L'eau de son lignage

Où bouge un nuage

Où passe un pinson...

 

Quel étrange monde

Que celui des arbres

Où tremble le Songe !

 

Quel étrange monde

Que celui des hommes

Que l'homme féconde !

 

Comment vivre vrai

Quand l'âme nous pèse

Et qu'un cri de sève

Ferme la forêt ? 

Comment vivre vrai

Si Dieu n'est qu'un rêve

D'arbre sous la neige

Où l'oiseau se tait.

 

 

 

 

 

Charles Le Quintrec

Terre Océane

Albin Michel, 2006

 

 

 

 

 

 

 

18 mars    Visages du retour

 

 

 

Une feuille qui tombe

et la grande peur dans l'arbre commence

et la terre tremble dans ses racines

 

l'été vint y mourir et l'hiver s'y perdit

 

une feuille qui en dit long sur nos souffrances

une feuille qui se lit

elle était aux pieds du passant pour qu'on devine

 

la nuit une autre feuille tomba qui vint la contredire

 

une histoire à redire

quand la troisième feuille viendra

quand toutes les feuilles mortes

ouvriront l'arbre à tous les regards

ouvriront toutes les portes

sur le départ.

 

 

 

 

Jean Cayrol

Poèmes de la nuit et du brouillard

Seuil, 1995

 

 

 

 

 

 

17 mars    La feuille

 

 

 

Comment, si tu es le seul reflet des saisons,

et changes de couleur, lentement, délicatement,

peux-tu te montrer si fragile,

ô jolie feuille,

pour tomber sur le sol pavé afin que te piétinent

les amants inconnus du soir ?

 

                                                            (Carte du temps, 1989)

 

 

Miguel Barnet

Poésie cubaine de XXè siècle

Traduction de Claude Couffon

Patiño, 1997

 

 

 

 

 

 

 

           La hoja

 

 

¿Cómo si eres el reflejo único de las estaciones,

y cambias de color, lenta y delicadamente,

puedes con tal fragilidad,

oh bella hoja,

caer al pavimento a que te pisen

los amantes ignotos de la tarde?

 

 

                                                              (Mapa del tiempo,1989)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 16 mars    Le cerisier

 

 

 

                           à Didier Jourdren

 

 

Le cerisier a refleuri

dans le jardin

et c'est alors soudain

comme s'il brûlait

depuis toujours et à jamais.

Mais tout autour s'étend

l'espace encombré du cœur.

 

Nous le voyons

montant de la terre

et s'y tenant enraciné

quand nous — ici —  sommes jetés

dans l'illimité.

 

Et il demeure là-bas

— chose du monde mais lointaine —

offert à tous et fleurissant

pour rien, pour personne

—  mais fleurissant !

Ce qu'il éclaire c'est notre absence

et cette façon de toujours perdre

ce à quoi nous tenons.

 

Oublierait-on les bornes de l'espace

et les signes du temps, qu'il viendrait

peut-être fleurir en nous.

Mais nos yeux d'exilés le quittent

et il disparaît de l'horizon

où, à peine posés, nous continuons d'aller

de biais dans un temps sans saison.

 

Nous n'aurons su qu'un court instant

lui accorder asile dans nos regards

ouverts à tous les vents,

où passe, irrémédiablement,

ce qui s'en va de notre vie,

 

S'il est un arbre qui soit nôtre

c'est celui, vaste et nu, de la mort.

Être — cela nous l'ignorons.

Nous sommes mourant sans cesse

et nulle neige ne peut jamais

pour nous renaître en feu.

 

 

 

 

 

Jean-Paul Hameury

Exils

Folle Avoine, 1995

 

 

 

 

 

15 mars    La branche

 

 

Elle a vécu la branche

Le temps d'une saison

Elle a vécu la branche

Le temps d'une moisson

Elle s'est cassée soudain

Cassée dans le grand vent

Et puis sur le chemin

Elle gênait les passants.

 

Elle a fleuri la branche

Le temps d'une saison

Elle a fleuri la branche

Tout près de la maison

Les oiseaux qui passaient

Se posaient un instant

Moi, je la regardais

C'est fini maintenant

 

Elle est morte la branche

Un matin de grand vent

Un matin de dimanche

Sans revoir le printemps

Je ne reverrai plus

Ses rameaux rose et blanc

La branche n'a vécu

Que le temps d'un roman.

 

 

Anne Le Bars

Brise de mer

Anthologie 1971-1996

Liv'Éditions, 1997

 

Alain Bernegger

Reflet d'arbre

photographie

artmajeur.com/bernegger

 

 

 

 

 

 

14 mars    Paroles d'univers

 

 

 

Qui vive ?

L'arbre l'oiseau le nuage

Et toi qui es tout cela

Dans le mystère

Sans nom ni voix

Avant de quitter la terre

Prends le risque de chanter

L'arbre l'oiseau le nuage

Tes fragiles vérités

 

 

 

                 *

 

 

Dans le secret des choses :

Le cri menu de l'herbe

Le souffle frêle

Des nouveau-nés

Le cerisier en fleurs

La danse des abeilles

Tout ce qui bat

Sous le soleil

Le sang de l'univers

Source étoilée

 

 

 

 

Anne Goyen

Arpa, Revue de poésie

N°129-130, 2020

 

 

 

 

Simon Beck

Toile éphémère sur la neige

Les Arcs

 

 

 

 

 

13 mars    Destination : arbre

 

 

 

Parcourir l'Arbre

Se lier aux jardins

Se mêler aux forêts

Plonger au fond des terres

Pour renaître de l'argile

 

 

Peu à peu

S'affranchir des sols et des racines

Gravir lentement le fût

Envahir la charpente

Se greffer aux branchages

 

 

Puis      dans un éclat de feuilles

Embrasser l'espace

Résister aux orages

Déchiffrer les soleils

Affronter jour et nuit

 

 

Évoquer ensuite

Au cœur d'une métropole

Un arbre      un seul

Enclos dans l'asphalte

Éloigné des jardins

Orphelin des forêts

 

 

Un arbre

Au tronc rêche

Aux branches taries

Aux feuilles longuement éteintes

 

 

S'unir à cette soif

Rejoindre cette retraite

Écouter ces appels

 

 

Sentir sous l'écorce

Captives mais invincibles

La montée des sèves

La pression des bourgeons

Semblables aux rêves tenaces

Qui fortifient vos vies

 

 

Cheminer d'arbre en arbre

Explorant l'éphémère

Aller d'arbre en arbre

Dépistant la durée.

 

 

 

 

Andrée Chedid

Poèmes pour un texte

Flammarion, 1991

 

 

 

Le Printemps des Poètes 2022

 

 

 

 

12 mars    Les arbres enfants

 

 

 

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants

Charles Baudelaire (Correspondances)

 

 

 

Mathis mon petit-fils devint, à sa naissance (28/02/2016)  est un

mimosa (jaune comme sur les toiles de Pierre Bonnard.)

Alice, fille de mon autre fille (02/02/2022), est ce cerisier du

Japon, qui montre déjà un mois après sa rituelle plantation, ces

premières fleurs blanches.

 

Les arbres des deux sœurs mères, mes filles bien-aimées,

furent un pommier et un tilleul plantés dans un jardin d’Ariège

dont je n’ai plus la clé.

 

Ainsi sont les arbres de notre micro-histoire qui dans la forêt

des fables et des symboles font entendre leurs paroles

familières, éphémères couleurs d’éternité.

 

 

 

Martigues 06/03/2022

 

 

 

Jean Jacques Dorio

Poésie : mode d'emploi

 

 

 

SG

 

                  et des arbres...
   

Abricotier     Acacia    Alisier     Aloès     Amandier    Arbre à soie    Arbre de Judée    Arganier  Aubépin   Aulne    Baobab    Bouleau    Caroubier    Cactus     Cédratier    Cèdre    Cerisier    Charme   Châtaignier    Chêne    Citronnier    Cocotier    Cognassier     Cornouiller    Cyprès    Érable      Eucalyptus    Figuier    Flamboyant    Frêne    Ginkgo   Grenadier    Hêtre   Hévéa   If    Laurier    Lilas    Magnolia    Manguier    Marronnier    Mélèze    Mélia azédarach    Micocoulier     Mimosa    Mûrier-platane     Niaouli    Noisetier    Noyer     Ombú    Olivier    Oranger    Orme    Palmier    Pêcher    Peuplier    Pin    Plaqueminier    Platane    Poirier    Pommier   Prunier    Robinier    Santal    Sapin    Saule    Séquoia    Sophora    Sorbier    Sureau    Sycomore    Teck    Térébinthe    Tilleul    Tremble    Tulipier

 

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À ce jour, 1368 poètes, 3140 poèmes

et de nombreux artistes ...

Bonne lecture !

Sylvie Gaté