4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 07:00

 

 

 

 

 

 

 

 

Lueurs du verger

Les arbres me fêtent

 

Comme un souffle d'ailes

Subjugue l'humus

 

Douceur du verger

Brise dans les feuilles

 

Sur la branche morte

Surgit rouge-gorge

 

Ses pizzicati

À l'âme suffisent

 

Silence des arbres

Verger de l'enfance.

 

 

 

Jean-Pierre Boulic

Un petit jardin de ciel

La Part Commune, 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

En ce temps-là mon foyer était un jardin
je suivais le seul feu de mes voisins arbres
le goyavier imitait pour moi l'éléphant
je voyageais sur son dos aussi loin
que le permettait le manguier
qui se méfiait des animaux trop amicaux
l'oranger partageait avec moi des pastèques
le tamarinier était un oncle
qui racontait des histoires de cyclones fabuleux
le quenêpier pour me plaire
mettait un singe à chacune de ses branches
tandis que le bananier changeait son régime en

         volée de perroquets
l'acajou-enfant me révéla un matin :
— lorsque je serai grand je confierai mon bois
aux mains d'une fée qui fabrique des pianos.

 

 

 

 

René Depestre

Rage de vivre

Œuvre poétique complète

Seghers, 2006

 

 

 

 

 

 

 

Le vieux pêcher

aux quatre pêches

           est mort

Est mort le rosier nain

     morte la treille

         aux raisins secs

Il va pleuvoir

sur le jardin

             du père

Pourquoi

            retournerais-je

        aux jeux d'enfance

Le charme jaune

              a

               des fruits d'or

 

 

 

Yves Cosson

Gramophone enroué

Convergence, 1986

printemps des poètes 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

On n'est pas n'importe qui

 

 

printemps des poètes

 

 

 

         Quand tu rencontres un arbre dans la rue, dis-lui bonjour sans attendre qu'il te salue. C'est distrait, les arbres.

         Si c'est un vieux, dis-lui «Monsieur». De toute façon, appelle-le par son nom : Chêne, Sapin, Bouleau, Tilleul... Il y sera sensible. Au besoin, aide-le à traverser. Les arbres, ça n'est pas encore habitué à toutes ces autos.

         Même chose avec les fleurs, les oiseaux, les poissons : appelle-les par leur nom de famille. On n'est pas n'importe qui ! Si tu veux être tout à fait gentil, dis «Madame la Rose» à l'églantine ; on oublie trop qu'elle y a droit.

 

 

 

Jean Rousselot

Du blé de poésie

Le dé bleu, 1997

 

 

 

 

Au jardin des cyprès je filais en rêvant,
Suivant longtemps des yeux les flocons que le vent
Prenait à ma quenouille, ou bien par les allées
Jusqu’au bassin mourant que pleurent les saulaies
Je marchais à pas lents, m’arrêtant aux jasmins,
Me grisant du parfum des lys, tendant les mains
Vers les iris fées gardés par les grenouilles.
Et pour moi les cyprès n’étaient que des quenouilles,
Et mon jardin, un monde où je vivais exprès
Pour y filer un jour les éternels cyprès.

 

 

 

 

Guillaume Apollinaire

Les Visages de la vie, n°6, 1909

sous la signature Louise Lalanne

 

 

 

 

 

 

 

Il ne peut pas mourir...

 
Il ne peut pas mourir
Le sorbier de l'enfance
 
Couleurs et souvenances
Au val des ans
 
À l'arbre des lisières
S'enlace le couchant
 
Il étincelle
D'un chant inaperçu
 
Sa voix est un secret
Dans l'éternité du chemin.
 
 
 
Jean-Pierre Boulic
Un petit jardin de ciel
La Part Commune, 2011
printemps des poètes 2012
 

 

 

 

 

 

 

 

Le pouls de la forêt...

 

Gilles Brulet

Jean-Claude Touzeil

Les loups donnent de la voix

Illustré par Patrick Guallino

SOC et FOC, 2004

 

 

 

 

 

 

Une forêt fort peureuse...

  

Une forêt fort peureuse

panique à la vue du soir

 

tout l'angoisse

les cris des chouettes

le regard de la lune

son sourcil reflété par le lac

 

Le frêne craintif s'emmitoufle dans son écorce

et retient sa respiration jusqu'au matin

 

le sapin essuie sa sueur

et appelle à son secours son cousin le pin parasol

 

la tête entre les genoux

le saule pleure toutes ses feuilles

et fait déborder l'étang

le roseau son voisin

l'entend supplier le ver luisant d'éclairer les ténèbres

 

Seul le chêne garde sa dignité

agenouillé dans son tronc

il prie le dieu de la forêt de hâter l'arrivée du jour

 

 

 

Vénus Khoury-Ghata

La voix des arbres

Le cherche-midi éditeur, 2001

 

 

 

 

 

Courir...

 

 

Les rides d'un vieux tronc

suffisaient à ma joie

l'écho ténu des gravillons

réfractait

l'éclat de mes pas

 

Tout ce qui passait

était bon à prendre

même

un restant de lune

entre les toits penchés

 

Même

un filet de voix

tendu

sous l'écorce.

 

 

 

 

François-Xavier Maigre

Dans la poigne du vent

Éditions Bruno Doucey, 2012 

 

 

 

 

 

 

Une cabane...

 

Une cabane

dans un arbre

se souvient de rires

d'enfants

Elle fut construite

par des mains

malhabiles

et par des cœurs

trop grands

Des oiseaux y nichent —

souvent.

 

 

 

 

Daniel Leduc

Un rossignol sur le balcon

le dé bleu, 1999

 

  printemps des poètes 2012

 

SG

 

                  et des arbres...
   

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Bonne lecture !

Sylvie Gaté