22 mars
Ébène ébènes que d'ébènes
je suis l'ébène des chicottes et des matraques
je suis l'ébène tête de turc des têtes d'état
l'ébène des lendemains de fête nationale
serronsla ceinture
bony
Déjà vu
Ouskokata, 1983
18 mars L'arbre à soie
Cette asclépiadacée est un arbuste originaire d'Arabie et répandu maintenant dans le monde entier. On le trouve comme plante sauvage en Italie, en Sicile, en Sardaigne et en Corse. On le cultive déjà en Italie pour en tirer de la soie. La soie végétale a l'aspect de la vraie soie, mais est inférieure comme qualité. La culture en est extrêmement facile et d'un bon rendement. Elle ne coûte pour ainsi dire rien. Elle pourrait être cultivée avantageusement dans nos colonies d'Afrique. |
Guillaume Apollinaire
L'arbre à soie
& autres Échos du Mercure de France
Gallimard, 1996
17 mars Télégramme de Dakar
Dans le noir, le soir,
auto dans la campagne.
Baobabs, Baobabs,
baobabs,
Plaine à baobabs.
Baobabs beaucoup baobabs
baobabs
près. loin, alentour,
Baobabs, Baobabs.
Dans le noir, le soir,
sous des nuages bas, blafards, informes,
loqueteux, crasseux,
en charpie, chassés vachement
par vent qu'on ne sent pas,
sous des nuages pour glas,
immobiles comme morts sont les baobabs.
Malédiction !
Malédiction sur CHAM !
Malédiction sur ce continent !
Village
village endormi
village passe
De nouveau dans la plaine rouverte: Baobabs
Baobabs baobabs baobabs
Afrique en proie aux baobabs !
Féodaux de la Savane. Vieillards-Scorpions.
Ruines aux reins tenaces. Poteaux de la Savane.
Tams-tams morbides de la Terre de misère.
Messes d'un continent qui prend peur
Baobabs.
Village
Noirs
Noirs combien plus noirs que de hâle
Têtes noires sans défense avalées par la nuit.
On parle à des décapités
les décapités répondent en « ouolof »
la nuit leur vole encore leurs gestes.
Visages nivelés, moulés tout doux sans appuyer
village de visages noirs
village d'un instant
village passe
Baobab Baobab
Problème toujours là, planté.
Pétrifié exacerbé
arbre-caisson aux rameaux-lourds
aux bras éléphantiasiques, qui ne sait fléchir.
Oh lointains
Oh sombres lointains couvés par d'autres
Baobabs
Baobabs, Baobabs, Baobabs
Baobabs que je ne verrai jamais
répandus à l'infini. Baobabs.
Parfois s'envole un oiseau, très bas, sans élan,
comme une loque
Un Musulman collé à la terre implore Allah
Plus de Baobabs.
Oh mer jamais encore aussi amère
Le port au loin montre ses petites pinces
(escale maigre farouchement étreinte).
Plus
plus
plus de baobabs
baobabs
baobabs
peut-être jamais plus
baobabs
baobabs
baobabs.
Henri Michaux
Plume précédé de Lointain intérieur
Gallimard, 2002
16 mars L'arbre et l'oiseau
L'arbre que peignent tour à tour l'étoile et la lune lorsque l'ombre apaise la pierre et le sable ; L'oiseau qui se purifie en chantant aux secrètes fontaines de l'aurore, Sont les gardiens bénévoles des cités. Ils éventent les desseins de la tempête et de la mer, Mais la mer et la tempête ne le savent pas. L'arbre est casanier, modeste et discret ; L'oiseau semble passer les saisons à poursuivre l'écho de sa voix. Jadis l'homme leur portait offrandes et prières. Ils ne sont plus que fioritures pour contes et légendes. On les transperce de flèches, on leur jette la pierre ; Mais les pierres et les flèches des cités oublieuses retomberont un jour sur elles-mêmes et sur leurs enfants. |
Fatho-Amoy
L'Afrique noire en poésie
Gallimard, 1986
© Elizabeth Gilbert
Un oiseau capturé
15 mars Flore d'Afrique
FIGUIER, ancien luron, tu t'es cramponné ferme au rocher ; tu n'as peur ni de l'orage ni du précipice. Comme un vieillard aux membres tors, déformé de rhumatisme, tu réchauffes d'abord ton corps gris au soleil ; et puis gaillardement tu pousses à la pureté céleste tes bourgeons pointus comme des oreilles de faune. Au plus lourd de l'été, si la terre en torpeur s'hypnoptise de clartés, tu sais ouvrir le parasol prudemment vaste de tes feuilles, offrir une citerne d'ombre fraîche ; ton voisinage est un dictame, toi qui as bu les pleurs de la Magdaléenne. Dans quel autre monde, quand tu fus jeune, as-tu connu ces chairs friandes auxquelles tu songes en mûrissant tes figues, si roses, si grasses ? L'âge ne t'épuise pas ; débonnaire tu donnes tes deux récoltes, l'une plus abondante, l'autre plus douce ; et tu recommences chaque année, Figuier biblique, vieux patriarche. À travers les siècles, tu t'es fait confiseur, bonhomme à l'odeur sucrée, et qui donc mieux que toi distillerait la goutte fondante au bout de ton fruit, topaze rare à l'expertise des gourmets. Tu te prodigues à côté des maisons nécessiteuses, toi que les rhapsodes ont chanté à l'égal du vin, toi qui abrites le tombeau blanchi des marabouts ; et c'est auprès de toi que chante mieux l'âme bucolique des flûtes, que bat plus fortement le cœur sourd du tam tam. Figuier, berbère montagnard, trésor du pays kabyle. |
Louis Berlebach
Notre Rive
Revue nord-africaine illustrée
Mai 1927
Maison de Kabylie maritime et son verger de figuiers en hiver
14 mars Le cocotier
Aigle végétal gravissant les nuages
Il a bravé le vif et le gril de la vie
Prenant racine dans l'humus ou la boue
Secouant la terre de ses cheveux têtus
Traversant ses entrailles par mille chemins
Se nourrissant de la mer ou du fleuve
Dribblant l'air mais toujours droit
Stipe clamant sa force
Stipe rageur et lumineux
Stipe descellant les pierres
Ton panache scintille comme l'éclair
Tes fleurs sourient victorieuses
Tes fruits se nouent en grappes géantes
C'est toi cocotier
Jean Métellus
Au pipirite chantant
Maurice Nadeau, 1995
Florence Catrin
13 mars L'arbre grand arbre
Tes feuilles le relent des désirs des fenaisons aveugles des bras de mer
|
Édouard Glissant
Le sel noir
Gallimard, 2010
![]() |
Sculpture en ébène
source : Wikipédia
12 mars Un baobab
|
|
Jean Orizet
11 mars Case nègre
à Simone Schwarz-Bart
Malgré la solitude
poteau-mitan relie
malgré la boue
poteau-mitan enracine
malgré la sève
poteau-mitan ne foisonne pas
poteau-mitan ne s'incline pas
malgré le refuge
poteau-mitan soutient l'issue
malgré le flamboyant
poteau-mitan rougit son toit
malgré la soif
poteau-mitan éconduit la pluie
malgré tous les malgré
poteau-mitan tient la lumière
poteau-mitan ouvre la ronde
pour nous causer
Daniel Maximin
L'Invention des désirades
Présence africaine, 2000
Metellus Bekens
10 mars Le vert des palmiers de ma jeunesse
Les pirogues serpentaient lestes
sur les eaux sales
éloignant scories et pourriture
fleurs troncs viscères
impulsés par la peur
et par la force des bras.
Plus haut ! Plus haut !
Dans les eux dansait l'aventure
dans les mains crispées la terreur
dans la poitrine dansait le danger
Le Cuanza débordant
de menaces et de despotisme
avançait sur la terre
dans un lourd déluge de pluies torrentielles
et l'élément enfin vaincu,
les crocodiles
festoyaient dans les bergeries abandonnées.
Je fuyais le vert
le vert-noir des palmiers
de ma jeunesse
Tous les dieux de la mystique des siècles
et leurs sacrifices
sanglants ou non sanglants
le souffle métaphysique des forêts sacrées
l'inspiration sacrée des xinguilamentos
et des sorciers
sont restés noyés dans les eaux
du danger qui dansait dans ma poitrine.
Il restait aussi
les orgies religieuses des funérailles
les divinations merveilleuses des maléfices
l'hystérie
des cérémonies crépusculaires pour la vie
et pour l'amour
l'odeur âcre du sang
la fécondité de la terre
l'objet changé en dieu
couleurs et poussière
gouttes et fragments d'os
larmes et chansons
secrets inviolables des sectes mystérieuses
humanité et inhumanité
la poésie
et les traces spirituelles du sang.
Moi
je caressais innocent le doigt du danger
Orava:
Tata ietu uala ku diulu
Fukamenu!
Lengemenu!
O ituxi! O ituxi!
ô paradoxe des péchés !
Nouveau langage !
Jamais plus d'histoires racontées à l'ombre
du mamufeira
ou à la douce lueur d'un brasier enfumé
plus de singe ou de lion
de lapin ou de tortue
Fuir !
Laisser les reptiles festoyer dans les bergeries abandonnées
Avec tout ce que les années ont créé
le souvenir
de l'agilité des membres et des torses
des hanches et des voix
qui dans la nuit sombre se profilaient
dans la lueur du feu
la vibration le rythme
les dentelles des cocotiers
l'odeur de la terre désherbée et mouillée
la voix des hommes
l'esprit
la grâce de l'authenticité et de la certitude
syncopées par la marimba et le quissange
et soulignées par le tambour
la saveur douce et la joie de la tradition.
Je fuyais
et mon âme était piétinée
dans les bergeries abandonnées.
Que montent des symphonies de Beethoven
et des poèmes que l'ami Mussunda ne comprend pas
Je fuyais
le vert-noir des palmiers
de ma jeunesse
caressant le doigt du danger
Les dos !
et les dos symétriques courbés sur la terre
la traitant rudement à coups de bêches
qui scintillent
et les chants rythmant l'effort
la douleur
et la polygamie des affections
les larmes visqueuses des troncs sans branches ni racines
l'anxiété solidaire dans les pirogues qui glissent
sur l'eau
et les sourires orchestrés sous les éventails des cocotiers
ou l'impossibilité de ceindre le baobab
dans une étreinte
Tout est resté
là-bas en Afrique
dans l'Afrique de l'Afrique.
Et les eaux despotiques et dévastatrices
livraient pleines les bergeries abandonnées
à la faim indécente des animaux.
Je fuyais
souriant et triste
souriant et vide
sans terre, ni langue ni patrie
jouant avec l'aventure
tremblant dans le tangage des fragiles pirogues
confiantes
vers une métaphysique croisée de conjoncture
l'estomac vide
et l'âme
anéantie entre des mâchoires malsaines.
Plus haut !
Plus haut !
Je portais dans mon sang la joie des espaces
l'arôme des corps sacrifiés à l'humanité
la virginité des fleurs
l'angoisse des prisons
et de l'ignorance la peur
du ciel et de la terre
des dieux et des hommes
des cadavres et des vivants
la peur des abysses et des hauteurs.
Je portais dans mon sang
la chaleur humaine de l'amitié
la chaleur fiévreuse des rythmes violents de la nuit
et le vert brillant des feuillages
et du regard sauvage des petits oiseaux
le bruit des torrents
la soudaineté des éclairs
la terre
et l'homme.
Je portais dans mon sang
l'amour :
Je fuyais
le vert-noir des palmiers
de ma jeunesse
caressant innocent le doigt du danger
souriant et triste
laissant mon âme piétinée dans les bergeries abandonnées
Et dans les cris embryonnaires des vieux mondes
tout revit
cette dramatique jeunesse de retrouvailles
tout revit dans les poitrines gonflées d'anxiété
essoufflées par la force de la vérité
et qui s'appuient sur l'impérissable.
Qu'il est beau
le vert des palmiers !
Agostinho Neto Espérance sacrée « Sagrada Esperança » Union des Écrivains Angolais Éditions Delroisse, 1980 |
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9 mars Pourquoi cette feuille
À un détail près
le monde n'a pas changé
en si peu de temps
À un détail près
ce matin est une réplique
grisaille à l'appui
du précédent
À un détail près
le poids écrasant la poitrine
ne s'est pas allégé d'un iota
À un détail près
l'on se sent toujours vivant
un peu plus
un peu moins
Le même équilibre
fragile ou non
À un détail près
celui de cette petite question entêtante :
Pourquoi cette feuille
ni plus jaune ni plus verte que les autres
est-elle tombée de l'arbre ?
Abdellatif Laâbi
Écris la vie
La Différence, 2005
Florence Nérisson
8 mars Je rêve d'un arbre
Dans la fine clarté de l’aube qui s’éveille,
Sous la fraîcheur timide de nos étés charmants
Se dresse tout puissant l’immense « Mandelier ».
C’est un arbre dont les racines
S’enfoncent profondément
Dans les grottes obscures de l’océan,
Un arbre dont le tronc dur et ferme
Défie les injures du temps,
Un arbre dont les branches solides
S’étendent gracieusement vers le ciel clair et pur,
Un arbre dont l’écorce épaisse
Renforce la résistance,
Un arbre dont les feuilles noires et blanches
Papillonnent au rythme du tam-tam,
Un arbre dont les grappes pesantes
Regorgent de « Mandela »
Fruit savoureux au goût de la liberté
Que produit à profusion
La terre sacrée d’Afrique.
Sous l’ombre de cet arbre de l’espoir
Nous cultivons l’entente, l’amitié et la paix
Pour le plus grand bonheur
De notre nouvelle Afrique.
Ali Mlinde
Anthologie d'introduction
à la poésie comorienne d'expression française
par Carole Beckett
L’Harmattan, 1995
Statue du Nèg Mawon (ou l'arbre de la liberté)
Khokho René-Corail et Alberto Lescay
Le Lamentin, Martinique
7 mars L'arbre à palabre
À l'aube de l'indépendance tu existas.
Toi, notre bel arbre,
De qui es-tu l'invention ?
De qui es-tu l'incarnation ?
Parlerai-je de miracle ?
Ce serait ironique !
Parlerai-je d'un big-bang ?
Ce serait utopique !
Mais plutôt la marque de l'amour de Dieu.
D'un amour profond de Dieu pour l'Afrique.
Sous toi, nos rêves se sont réalisés ;
Sous toi, nos peines ont été apaisées ;
Sous toi, nos sages se sont regroupés ;
Sous toi, nos patriarches se sont concertés ;
Sous toi, des décisions ont été prises pour construire et faire
grandir notre Afrique ;
Sous toi, nous jeunes africains, devrions être formés.
Formés pour connaître les théories ancestrales,
Formés pour mieux connaître nos origines,
Formés pour vivre.
Où es-tu notre bel arbre ?
Qui t'a dissimulé notre joyau ?
Qui t'a déracinée, toi notre amulette ?
Qui t'a envoyée dans les oubliettes ?
Que l'Afrique te rende hommage
Pour le Cameroun, sois comme un adage
Et pour la tribu Béti un présage.
Charline Berthe Ebe Evina
Renaissance africaine
Poèmes
Harmattan Cameroun, 2012
Doual’art
Centre d’art contemporain
Douala, Cameroun
6 mars Saladi
L'arbre est féminin
au grand dam
de la langue française
Elle arbore ses seins nus
au grand dam des barbus
musulmans de la dernière heure
Elle est la source antique
protégée par les cierges
le scorpion
et le damier du destin
Le ciel en est ébloui
et les oiseaux préfèrent ses branches
aux replis mièvres de l'azur
L'Eden à ses pieds
dispense son eau de jouvence
aux baigneurs en conciliabule
De quoi peuvent-ils débattre
sinon de la douce folie
de la Créatrice ?
Abdellatif Laâbi
Petit Musée portatif
Al Manar, 2002
Dessin de Abdallah Sadouk
5 mars Les Souffles
Les Souffles
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’Ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l’Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s’enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s’éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.
Il redit chaque jour le Pacte,
Le grand Pacte qui lie,
Qui lie à la Loi notre Sort,
Aux Actes des Souffles plus forts
Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,
Le lourd Pacte qui nous lie à la Vie.
La lourde Loi qui nous lie aux Actes
Des Souffles qui se meurent
Dans le lit et sur les rives du Fleuve,
Des Souffles qui se meuvent
Dans le Rocher qui geint et dans l’Herbe qui pleure.
Des Souffles qui demeurent
Dans l’Ombre qui s’éclaire et s’épaissit,
Dans l’Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit
Et dans l’Eau qui coule et dans l’Eau qui dort,
Des Souffles plus forts qui ont pris
Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,
Des Morts qui ne sont pas partis,
Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.
Birago Diop
Leurres et lueurs (1960)