20 mars L'arbre
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Jules Supervielle
Le forçat innocent
suivi de Les amis inconnus
Gallimard, 1969
Peinture huile, cire, rouille
2008
19 mars Les ares verts
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Raymond Queneau
Battre la campagne
Gallimard, 1968
Ciels profonds
18 mars Comment écrire un poème
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Vénus Khoury-Ghata
La voix des arbres
Le cherche-midi éditeur, 2001
17 mars L'arbre l'oiseau
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Paris, |
4 janvier 1951 6 heures du matin |
à Louis Nallard
(sur carnet Ephémérides de la Librairie Gibert)
Jean Sénac
Oeuvres poétiques
Actes Sud, 1999
It's a new day
16 mars Le pin
L’arbre seul, dans la nature, pour une raison typifique, est vertical, avec l’homme. Mais un homme se tient debout dans son propre équilibre, et les deux bras qui pendent, dociles, au long de son corps, sont extérieurs à son unité. L’arbre s’exhausse par un effort, et cependant qu’il s’attache à la terre par la prise collective de ses racines, les membres multiples et divergents, atténués jusqu’au tissu fragile et sensible des feuilles, par où il va chercher dans l’air même et la lumière son point d’appui, constituent non seulement son geste, mais son acte essentiel et la condition de sa stature. La famille des conifères accuse un caractère propre. J’y aperçois non pas une ramification du tronc dans ses branches, mais leur articulation sur une tige qui demeure unique et distincte, et s’exténue en s’effilant. De quoi le sapin s’offre pour un type avec l’intersection symétrique de ses bois, et dont le schéma essentiel serait une droite coupée de perpendiculaires échelonnées. Ce type comporte, suivant les différentes régions de l’univers, des variations multiples. La plus intéressante est celle de ces pins que j’ai étudiés au Japon. Plutôt que la rigidité propre du bois, le tronc fait paraître une élasticité charnue. Sous l’effort du gras cylindre de fibres qu’elle enserre, la gaine éclate, et l’écorce rude, divisée en écailles pentagonales par de profondes fissures d’où suinte abondamment la résine, s’exfolie en fortes couches. Et si, par la souplesse d’un corps comme désossé, la tige cède aux actions extérieures qui, violentes, l’assaillent, ou, ambiantes, la sollicitent, elle résiste par une énergie propre, et le drame inscrit au dessin tourmenté de ces axes est celui du combat pathétique de l’Arbre. Tels, le long de la vieille route tragique du Tokkaido, j’ai vu les pins soutenir leur lutte contre les Puissances de l’air. En vain le vent de l’Océan les couche : agriffé de toutes ses racines au sol pierreux, l’arbre invincible se tord, se retourne sur lui-même, et comme un homme arc-bouté sur le système contrarié de sa quadruple articulation, il fait tête, et des membres que de tous côtés il allonge et replie, il semble s’accrocher à l’antagoniste, se rétablir, se redresser sous l’assaut polymorphe du monstre qui l’accable. Au long de cette plage solennelle, j’ai, ce sombre soir, passé en revue la rangée héroïque et inspecté toutes les péripéties de la bataille. L’un s’abat à la renverse et tend vers le ciel la panoplie monstrueuse de hallebardes et d’écus qu’il brandit à ses poings d’hécatonchire ; un autre, plein de plaies, mutilé comme à coups de poutre, et qui hérisse de tous côtés des échardes et des moignons, lutte encore et agite quelques faibles rameaux ; un autre, qui semble du dos se maintenir contre la poussée, se rassoit sur le puissant contrefort de sa cuisse roidie ; et enfin j’ai vu les géants et les princes, qui, massifs, cambrés sur leurs reins musculeux, de l’effort géminé de leurs bras herculéens maintiennent d’un côté et de l’autre l’ennemi tumultueux qui les bat. Il me reste à parler du feuillage. Si, considérant les espèces qui se plaisent aux terres meubles, aux sols riches et gras, je les compare au pin, je découvre ces quatre caractères en elles : que la proportion de la feuille au bois est plus forte, que cette feuille est caduque, que, plate, elle offre un envers et un endroit, et enfin, que la frondaison, disposée sur les rameaux qui s’écartent en un point commun de la verticale, se compose en un bouquet unique. Le pin pousse dans des sols pierreux et secs ; par suite, l’absorption des éléments dont il se nourrit est moins immédiate et nécessite de sa part une élaboration plus forte et plus complète, une activité fonctionnelle plus grande, et, si je puis dire, plus personnelle. Obligé de prendre l’eau par mesure, il ne s’élargit point comme un calice. Celui-ci, que je vois, divise sa frondaison, écarte de tous côtés ses manipules ; au lieu de feuilles qui recueillent la pluie, ce sont des houppes de petits tubes qui plongent dans l’humidité ambiante et l’absorbent. Et c’est pourquoi, indépendant des saisons, sensible à des influences plus continues et plus subtiles, le pin montre un feuillage pérennel. J’ai du coup expliqué son caractère aérien, suspendu, fragmentaire. Comme le pin prête aux lignes d’une contrée harmonieuse l’encadrement capricieux de ses bois, pour mieux rehausser le charmant éclat de la nature il porte sur tout la tache de ses touffes singulières : sur la gloire et puissance de l’Océan bleu dans le soleil, sur les moissons, et, interrompant le dessin des constellations ou l’aube, sur le ciel. Il incline ses terrasses au-dessous des buissons d’azalées en flammes jusqu’à la surface des lacs bleu de gentiane, ou, par-dessus les murailles abruptes de la cité impériale, jusqu’à l’argent verdi d’herbe des canaux : et ce soir où je vis le Fuji comme un colosse et comme une vierge trôner dans les clartés de l’Infini, la houppe obscure d’un pin se juxtapose à la montagne couleur de tourterelle. |
(1898)
Paul Claudel
Connaissance de l'Est
Œuvre poétique
Bibliothèque de la Pléiade
Gallimard, 1967
15 mars
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Jean Tardieu
L'accent grave et l'accent aigu
Gallimard, 1986
Photographie : Karolus Derniers feuillages |
14 mars Le vent du nord dans les cyprès
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A Marcel Gonzalèz
Le vent du nord dans les cyprès
roulant
riant, vacarmant
pleurant les jours bienheureux des mers
libres, querelleuses
crache les gueuses chimères
des âmes en allées
Les cyprès dans leur verdeur
folle, mobile
sont signes des vivants
au vent du nord des trépassés
Arbres virils
dressés sur l'eau féminine des lochs
sexes triomphants
des hivers gorgés de germes
dans les dormantes terres
ils violentent les fragiles demeures
et les chambres et les pensées
Les amours et les morts
se répondent à l'heure des cyprès
Le vent du nord gémit dans les cyprès
toute joie déserte les rivages et les parcs
où les veuves belles et nues
écoutent l'appel déchirant
des amants atlantiques
disparus en de celtiques véhémentes Irlandes
Je chante les cyprès centenaires
qui clament aux haies quaternaires graciles
où les geais dans les pluies se déchirent
que la chair des hommes pourrit richement
dans l'humus fertile et gras
des feuilles en novembre
Le vent du nord
cueilleur de lunes et de frimas
emplit les mains glaciales des cyprès
et dresse, arbore
les funèbres bannières de l'absence
sur les baies musicales et les croix effarées
Je vous le dis
moi j'aime le vent du nord dans les cyprès
Xavier Grall
La Sône des pluies et des tombes
Kelenn
13 mars
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Zao Wou-Ki
Funérailles
Huile sur toile, 1949
12 mars Mon arbre
À
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École maternelle René Goscinny
Le Louroux-Béconnais
11 mars Un arbre
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Photographie : René Hervin Écorce, lumière ocre dans l'ombre de la forêt |
10 mars Epitaphe
9 mars Le chêne
8 mars Les sapins
Les sapins en bonnets pointus De longues robes revêtus Comme des astrologues Saluent leurs frères abattus Les bateaux qui sur le Rhin voguent
Dans les sept arts endoctrinés Par les vieux sapins leurs aînés Qui sont de grands poètes Ils se savent prédestinés A briller plus que des planètes
A briller doucement changés En étoiles et enneigés Aux Noëls bienheureuses Fêtes des sapins ensongés Aux longues branches langoureuses
Les sapins beaux musiciens Chantent des noëls anciens Au vent des soirs d'automne Ou bien graves magiciens Incantent le ciel quand il tonne
Des rangées de blancs chérubins Remplacent l'hiver les sapins Et balancent leurs ailes L'été ce sont de grands rabbins Ou bien de vieilles demoiselles
Sapins médecins divagants Ils vont offrant leurs bons onguents Quand la montagne accouche De temps en temps sous l'ouragan Un vieux sapin geint et se couche |
Photographie : Claude Chambon
7 mars L'Arbre
5 mars Passant,...
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