Sur l'aloès j'ai tracé À la pointe du canif Nos deux prénoms enlacés. J'ai pris un jeune aloès : Il grandira, gardant vif Notre échange de promesses. Dans vingt ans, ce long témoin Fleurira pour s'effacer. Nous n'en n'aurons plus besoin. Je donnerai mon...
dans le miroir les branches sortaient de ma tête de mon dos puissantes avec leurs feuilles je regardais dans mon cœur le sang noir de l'histoire pas encore sec un soleil qui veut briller à travers un nuage solide des poteaux télégraphiques dans mon champ...
J'ai vu la bûche morte Avec son âge dessiné Avec ses vers à l'œuvre Et le duvet des champignons. Il y avait un sang Qui coulait de la cicatrice Et, plainte à peine audible, Le grincement de l'agonie. Partait un moignon de rameau Encor riche de souvenirs...
J'écoute l'arbre compter ses feuilles mot à mot depuis de longues années qu'il énonce son message sous des formes nouvelles chaque fois plus vertes d'une saveur profonde est-il témoin brûlé par le passage de l'Air et la fragilité du sens immolé sur nos...
Voici le grand arbre de brouillard vert. Des échafaudages abandonnés l'environnent sous le pentagramme de l'étoile là où se perdent les chevaux sauvages et se perdent les migrations d'oiseaux et de papillons. Voici la ville ensevelie dans la lumière comme...
Quand je parle Le cèdre au-rez du puits Escalade le puits Quand je parle Le cèdre au-ras des flots Escalade les flots Lève la tête Saute de l'âne au coq Lui pousse une crête Quand je marche Partout de tous côtés Poussent ses mains coupées Il bouge ses...
Lors s’éleva un arbre. Ô pure élévation ! Ô c’est Orphée qui chante ! Ô grand arbre en l’oreille ! Et tout se tut. Mais cependant ce tu lui-même fut commencement neuf, signe et métamorphose. De la claire forêt comme dissoute advinrent hors du gîte et...
Jette un arbre entier dans le puits sec et vide. Tu verras cent oiseaux faire boule de bleu dans la chambre immobile... Passe ton chemin, vendeur de clous et de pals ! Jacques Izoard Les Riverains du feu Une anthologie émotiviste de la poésie francophone...
Pour la datation du chêne nos massacres servent de repères Celui-là, né à la Saint Barthélémy fut abattu pendant la Seconde Guerre mondiale En regardant de près les cercles de sa coupe peut-être trouverait-on entre nos humaines misères quelques fibres...
Ces arbres sont miens — le ciel par-dessus — Ces blés sont à moi, (d'ici jusqu'en Beauce), Je suis pauvre encor de beaucoup de choses Et riche serai de mourir tout nu. Je n'ai jamais eu de pays prospère De vastes régions, de belles contrées, Je ne sais...
L'arbre bientôt restera seul, Et dressera sur le ciel vide Ses bras de squelette intrépide. Puisque des feuilles le linceul, Déjà découpé de naissance, Confirme, la saison venue, Une destinée bien connue Et qui ignore la décence. Et puisque des oiseaux...
L'arbre je l'aime ému de feuilles ici et là qui bougent, criblé de pluie, trempé, dépenaillé J'aime qu'il s'entoure de ses formes passées : noir et nu, griffonné, splendide ̶ si tendre pubescent (et sans ordre ô Chronos) automnal Plus que de raison j'aime...
L'espace dans lequel s'engouffrent les oiseaux n'est pas cet autre, intime, où s'accroît ta stature. (À l'air libre là-bas, tu t'éludes toi-même et tu te perds au loin sans jamais revenir.) L’espace, hors de nous, gagne et traduit les choses : si tu veux...
Sapins revenus des miroirs de la montagne Torches vertes où brûlent les mésanges Comme des pendeloques aux feux de l'aube Que me dites-vous, arbres frémissants de paroles cristallines Où le mystère d'un chant d'oiseau Suspend ses parures des perles fumées...
(À mes parents) Pinède Qui brûla ton sanctuaire Qui troubla ta prière De soleil et de cigales Grands pins Tordus sur la terre aride Quel conquérant trop avide Osa Vent d'est Toi qui chantais dans leur toison Pourquoi sans raison As-tu trahi De la pinède...
C'est l'hiver, c'est encore l'hiver, dehors et sur cette page, et voilà que ce soir je rêve d'une autre saison, d'un autre paysage, et je me retrouve par la pensée dans une campagne tout éclairée de vert et de bleu. Pourtant, lorsque l'été revient, ou...
La « figuière » à l'écorce lisse, à l'entre-branches Si tendrement blessé, je la caresse dans Sa nudité d'hiver, quand la prime pâleur L'éveille, lourde encor des phantasmes nocturnes. Le soir, tard, je reviens auprès d'elle, dans l'ombre, Et, pour la...
Du fier eucalyptus par le gel desséché ne résonnera plus la lyre harmonieuse, le sang est bien tari dans le tronc asséché, nul bourgeon n'en naîtra, ni feuille précieuse... La nature pourtant revit pour célébrer La sève triomphante émanant des ténèbres,...
Ce jeune roi seul qui pouvait comprendre Pourquoi la grâce et pourquoi le printemps Et cet oiseau renaissant de ses cendres Se sont trouvés dans l'arbre et dans le temps. La fleur du ciel sur l'épaule de l'ange Ne se posait que pour cueillir les jours...
La forêt aussi a son langage, elle parle entre ciel et racines, et hurle quelquefois, par grand vent, bouche ouverte, en pleine nuit. Mais pourrait-on comprendre ses tragédies, cette dentelle obscure du contre-jour, Ces propos de fougères et de fourmis,...
Au fond de la forêt les augures sont mauvais, un nuage passe devant la lune. Le Vent du Diable courbe les arbres un nuage passe devant la lune. Et la lune jette un œil quand la gitane chante, et sa chanson s'élève, de l'obscurité vers la lumière, comme...
L'arbre a franchi l'opacité de l'hiver Il sait la souffrance de l'attente la fragilité des pousses. Marie-Josée Christien Conversation de l'arbre et du vent Tertium éditions - Collection À la cime des mots Liste de référence 2013 du ministère de l'Education...
Ils ont entendu un oiseau chanter : « Pourquoi chante-t-il, celui-là ? « Quelle est sa situation ? « A-t-il une autorisation ? « A-t-on pris des renseignements sur lui ? « Et d'abord d'où lui vient cette branche ? « Et ces feuilles ? Et ce ciel autour...
Cette nuit je traversais une forêt en rêve. Elle était pleine d'horreur. Suivant l'abécédaire Les yeux vides, qu'aucun regard ne comprend Les bêtes se dressaient entre arbre et arbre Taillées en pierre par le gel. De la haie D'épicéas, à ma rencontre,...
Forêt que je connais : maison de fous pour arbres Enfermés dans les bois. La clé chez le gardien. Ils hurlent, s'arrachant les oiseaux de la tête, Pendant l'orage, ils boivent le vin des éclairs. Par leurs verts corridors, verts de l'éveil du cuivre,...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté