Sec, bref, dans la forêt, bruit d'un caillou de l'ancienne moraine, tombé dans le lit du torrent, après des millénaires de patience dans l'obscurité capiteuse de la terre. Juste un bruit sec et son écho, vite absorbé par le chant des derniers oiseaux....
L'arbre devenu livre Au printemps les oiseaux se nichent dans ses feuilles Pour becqueter joyeux les graines de ses lettres Et lui parler d'amour avec des mots d'insectes Des proverbes veinés de vert Œufs de sagesse et de mystère Des trilles qui se nouent...
Dans les artères des forêts Dans chaque veine du feuillage Je voyage muet Navire de miel nocturne Arbre aigu de silence Tabernacle d'orages Où mûrissent des gemmes Sur tes fleuves de sang Dans tes songes de ciel Parmi tes ancres d'herbes J'avance vers...
I J'entends les cornes de l'insolente clarté sans hymne. Les voici une fois encore, les éternels ennemis de la forêt. Adieu, antique silence. Ô chère, immensément bruissante et verte nef, tu tombes. Voici les haches. II Car vous haïssez le secret de la...
j'ai bien connu un pommier : c'était un arbre simple et aimable un sobre bon vivant il ne se plaignait pas — ou si peu : juste l'ai-je entendu geindre dans quelque colossal ouragan hivernal il allait au rythme des jours & des mois celui des saisons &...
Les arbres printaniers à peine enfeuillés — certains portaient encore à leurs branches d'hiver des bourgeons durs et drus comme des ongles — ont profité de notre brève absence pour croître en verdeur, en vigueur occupant les percées de ciel, les interstices,...
« Dans trois mille ans nous comprendrons la parole des chênes, et peut-être qu'ils nous comprendront. » disais-tu ce jour-là je crois qu'il est fort probable qu'un jour en des époques lointaines tu nous reviennes avec un cœur de chêne et des glands de...
Viens dans la forêt, viens dans les ténèbres frater- nelles. Viens, je cueillerai pour toi les fleurs qui te res- semblent, les fleurs nocturnes qui recèlent de subtils poisons. Je parerai tes cheveux lunaires de fleurs d'aconit, de digitale et de belladone......
Dans l'arbre qui se désenglue de nuit chaque feuille est douce paupière prête à l'amour du jour pâle comme une fiancée... La boule grise se dénoue lance un bec une patte essaie une gamme de griffes... Une aile jusqu'ici secrète s'étire lentement comme...
Aux trois cyprès de la colline Qui se dressaient dans le couchant À cette heure où le ciel incline Son ombre rose sur les champs, J'ai dit, j'ai dit ma peine, Mais je l'ai dite à peine... Aux trois cyprès de la colline Écoutant la brise du soir Qui les...
Tu ne me remarques pas Je marche en toi comme un sentier dans la forêt, je songe à la lueur de tes rives rocheuses, l'union absolue de l'ombre et de la lumière. Dans les sources des marécages aux couleurs de rouille tu parles sans ambage de tes entrailles,...
La forêt attend. La vieille forêt railleuse Viens, viens chercher C'est quelque part, où donc On l'a caché là, qui cela C'est quelque chose, mais quoi Cherche, cherche Au ravin Cherche la porte parmi les racines Là se trouvent des caves où l'on descend...
(à mon père) O bois qui chantes sous sa main Bois de violette ou de rose Ligne où soudain son œil se pose Et qui seras noble demain O chêne qui deviendras table Et trôneras dans la maison Après avoir sur l'horizon Gravé ta force incontestable O châtaignier...
Dans ma pipe un arbre songe Et ses racines cheminent On y entend le feuillage Et l'écorce entre mes dents Chante sa douce amertume Les chemins de l'air caressent La soie bleue du souvenir Et l'œil rouge sous la cendre Grésille comme la mer Alors des traces...
Arbre envahi de langage... mais le temps meurt et renaît chaque fois. Chaque parole ajoute un vert. Arbre envahi de saisons. On ne parla plus pendant longtemps d'une Amérique. Elle digérait ses guerres, la couleur noire, des maisons dans leur mort. Des...
Ô VOUS TOUS, LES BANNIS du monde ! Notre langue est mêlée de sources et d'étoiles Comme la vôtre. Vos lettres sont de notre chair. Nous les migrants vers les hauteurs Nous vous reconnaissons — Ô vous les bannis du monde ! Aujourd'hui l'humaine biche fut...
Dans la tiède forêt que baigne un jour vermeil, Le grand chêne noueux, le père de la race, Penche sur le coteau sa rugueuse cuirasse Et, solitaire aïeul, se réchauffe au soleil. Du fumier de ses fils étouffés sous son ombre, Robuste, il a nourri ses siècles...
J'apprends à lire entre les rameaux entre les frondaisons les épines — l'interstice — où se répand le ciel et tout ce qui croît en lui Je creuse à paumes nues l'écorce et le ciel chair contre terre mots contre sève promesse enfouie dans l'origine L'herbe...
L'érable m'a offert deux feuilles de printemps pour rafraîchir l'été et trois feuilles d'été pour réchauffer l'automne. Il m'a offert aussi quatre feuilles d'automne de vert, d'or et de roux pour colorer l'hiver, l'hiver qui se dévoue et prépare un printemps...
Forêt silencieuse, aimable solitude, Que j'aime à parcourir votre ombrage ignoré ! Dans vos sombres détours, en rêvant égaré, J'éprouve un sentiment libre d'inquiétude ! Prestige de mon cœur ! je crois voir s'exhaler Des arbres, des gazons, une douce...
Une moitié brûle, l'autre pas. À moitié il sera laid et tronqué, et à moitié, soit. On ne peut garder la beauté pour toujours. Une moitié d'oiseaux est partie terrifiée, l'autre moitié est restée, désormais on attend. Beaucoup de choses doivent encore...
Arbres complaisants, sachez Que cette heure d'avant l'aurore Est du lever de ma clarté : Car je mets ma terre à l'essor, Ne pouvant plus la transporter. Je la tiens serrée sur mon cœur, Elle risque trop d'éclater Comme font les chardons sauvages. Vous...
Petit gars de pépinière, Inconnu, si loin, si près, Mon lointain cyprès tout frais, Tu risquais le cimetière Selon le sort des cyprès. Mais je t'ai pris en tutelle, Mais je te voue aux vivants. On te replante en plein-vent Contre ma maison nouvelle Face...
Dans la prairie altier marchait un sycomore il gardait ses moutons aux sons d'un transistor balançant son feuillage au rythme des musiques que jettent à tout vent les ondes téséfiques Un agneau qui tétait engraissant ses gigots dit : vieux voudrais-tu...
Femme-forêt Forêt-femme Me frôlant de tes foulées de renarde Me nourrissant de tes yeux bleus de peur Comme les mûres noctambules Ton sang frais de fraise écrasée Sucre les mots dans ma bouche-brasier Je suis le bourdon mangé par ta rose Le pluvier bu...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté