(Taedet animam meam vitae meae.) Job I C’était un beau hêtre. — Il voûtait Sa cime dans les bleus fluides, Et, tel qu’un chêne saint, datait De l’ère auguste des Druides. Des sublimes illusions, Jacob, Joseph, élus étranges, Auraient peuplé de visions...
II. l'arbre ne maudit pas l'hiver, il se souvient dites-vous, cher Thomas, et qui sait si vos lèvres aussi ne murmuraient pas ce vers d'Emily Dickinson Talk not to me of Summer Trees avec ses majuscules éblouies et le balancement assourdi des consonnes...
Au loin, une enfant joue sur un banc de bois. Absorbée. Elle mime quelque chose. Les branches d'arbre, peut-être. Puis elle cueille trois brins de solitude jaune. Manœuvre pour en faire une tresse unique. Caché derrière le corps gris du tronc, l'esprit...
De tendres chemins En douces clairières De bruyère en pins, Se respire un air chargé de résine. De vagues de dunes En vagues eaux pâles Musarde une lune D'étangs qui s'étalent. Craquent sous les pas des branches d'épines. De hameaux déserts En huttes...
Grands arbres, un séquoia, cime tel un clocher, mais le premier clocher, c'était lui, l'arbre visant le ciel. Dans l'excitation, des enfants crient, là-bas, sur l'aire de jeu. Grand jardin, hauts nuages et la quête d'un sens à tout cela — jamais trouvé...
Un arbre lente pensée rumination sans mots sève qui rêve et ce long crissement du temps la voix minime du grillon Qui es-tu toi qui prêtes l'oreille au long silence d'arbre et au léger grillon ? Tu n'entends pas battre ton cœur Le soleil jaune étire ses...
(extrait) 1 Ce n'est qu'au seuil de la vieillesse que j'ai appris à aimer le silence Parfois il émeut plus que la musique. Il apparaît dans le silence des signes tremblés Et aux carrefours de la mémoire résonnent des noms que le temps tâchait d'étouffer....
Nos hivers demeurent un peu trop longtemps : tous nos oiseaux meurent avant le printemps. Pleurent les cors de chasse, la bise de janvier — après les saints de glace le ru coule au gravier. Tout mon espace vibre sous la neige ténue qui me prend fibre...
Ta rose distraite et trahie Par un entourage d'insectes Montre depuis sa robe ouverte Un cœur par trop empiété. Pour cette pomme l'on te rente Mais que t'importe quelqu'enfant Fais de toi-même agitateur Déchoir le fruit comme la fleur. Quoiqu'encore malentendu...
Buissons de peu de foi dit l'arbre solitaire le vieux prêcheur radotant Vous me traitez de menteur parce que vous n'en croyez pas vos yeux lorsque des oiseaux inconnus mêlent leurs feux à mes feuillages Parce que vous ne faites pas confiance à vos oreilles...
Ah tout est arbre devenu, Colère, orgueil, douceur amie. Tout ce que j'aime dans la vie En bois, en feuillage se mue, En un feuillage patient Toujours sous des vents différents. Mais serait-ce pour satisfaire Mon cœur enfoncé dans la chair Vivant d'un...
Arbre dur sur le ciel au ventre des forêts, prolongement de l'âme à l'encontre des vents, érection du songe, attente et démesure à portée de ce rêve où plongent les racines, imaginaire espace entravé du désir par branches et rameaux de veines vagabondes,...
Nous sommes à l'époque où l'on a l'habitude de « faire » son bois pour l'un des hivers futurs. La forêt est éloignée. On part pour toute la journée. Le froid du matin est vif. L'air troublé de brume manque de limpidité. Le soleil est morne. La marche...
À quoi bon nommer les arbres nommer c'est s'approprier aimer l'arbre va de soi pourquoi donc en rajouter ce que j'aime dans les arbres leur immense solitude bien que serrés côte à côte ils sont profondément seuls et ça se voit à des riens au frémissement...
Comment rendre les nœuds et la ligne mélodique de l'arbre, L'harmonie verticale et l'exhaussement vers le ciel du noyau De lumière qui déploie en ramifications ce qu'il eut de vigueur Enfouie. Au pépiement des étoiles, il répond, le cèdre, qui pousse...
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui Que chaque nœud du bois renferme davantage De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme À la tombée du...
Comment arrive l'idée du bourgeon ? Dans le germe même de la pensée de vous, arbres, sont les cycles éternels de la fantaisie de vivre croître se feuillir laisser choir les feuilles lasses et dormir et croître encore et donner vie alentour et lutter contre...
Que te murmure le sang dans les oreilles et aux tempes quand c'est aux environs de février que dans le bois encore desséché court le bruit d'une vie qui recommence et, obscure, gémit dans les animaux sans sommeil, s'agite dans la mer et, par-delà la mer,...
Le bonheur est un arbre au milieu de la plaine Rien ne le protège de la foudre Mais il s'est élevé et le voici plein de fruits Pourquoi donc tous ceux que j'aime Ne sont-ils jamais ensemble Ô les pommes acides du plaisir Cueillies en cachette au verger...
De ta tige détachée, Pauvre feuille desséchée, Où vas-tu ? — Je n’en sais rien. L’orage a brisé le chêne Qui seul était mon soutien. De son inconstante haleine Le zéphir ou l’aquilon Depuis ce jour me promène De la forêt à la plaine, De la montagne au...
Ode en vers baïfins ₂ Je te revois, ô bois Lambert, dans la douceur de mes pensées, Les mouvantes frondaisons de rayons tremblants traversées, Les oiseaux qui se jouaient auprès de tes sources glacées, Les fantômes d'arbres morts qui nous écartaient du...
Le prunus dans la cour de l'école arraché par la bourrasque dans la nuit finit sa vie anonyme : quelques branches sur notre table et c'est pourtant un don que nous murmure encore la neige rosée des fragrantes corolles — lumière éclose aux petits ongles...
De ce lierre, qui en cheminant se noue et dans son vert labyrinthe enserre la stature du peuplier qu'il attaque et dont par ses caresses il cause la ruine, la vue, au charme du feuillage attentive, ne peut distinguer s'il embrasse ou enchaîne : seul le...
Mon corps est une plante que la terre a faite pour donner un nom au désir Je fais du bruit en te mangeant j'ai l'énorme convoitise des racines je suis une racine de mélèze qui plonge Tu es ma fente de roc la terre savante sous mes dents de plante je te...
Tels des bouquets de confetti, grains de soleil tombés des nues, les mimosas le long des rues, disent le temps des travestis, De leur air mousseux, qu'atténue un feuillage grêle, assorti, la foule grise a réparti entre ses bras la bienvenue. Dans un parfum...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté