Non, la terre n'est pas couverte d'arbres, de pierres, de fleuves : elle est couverte d'hommes. Si les meilleurs sont enfermés dans un long supplice, s'il n'y a plus que le mensonge qui se montre, chamarré de fausses prairies, si quelqu'un te dit : «...
Cet arbre vers lequel tu tendais tes mains enfantines, le grenadier verdoyant aux belles fleurs vermeilles, a tout entier reverdi naguère dans le jardin solitaire et silencieux, et Juin le vivifie de sa lumière et de sa chaleur. Toi, fleur de mon être...
La branche en fleur se balance, De ci, de là, dans le vent. Mon cœur, comme au temps d'enfance, Monte avec elle ou descend, Jours de fête ou tristes jours, Force, abandon, tour à tour. Voilà les fleurs envolées, La branche de fruits chargée ; Le cœur...
Voici venir l'arbre, c'est l'arbre de l'orage, l'arbre du peuple Ses héros montent de la terre comme les feuilles par la sève, et le vent casse les feuillages de la multitude grondante, alors la semence du pain retombe enfin dans le sillon. Voici venir...
Un arbre lente pensée rumination sans mots sève qui rêve et ce long crissement du temps la voix minime du grillon Qui es-tu toi qui prêtes l'oreille au long silence d'arbre et au léger grillon ? Tu n'entends pas battre ton cœur Le soleil jaune étire ses...
Les lavis bleus de l'aube se diluent doucement. Posé sur son buvard de brume Chaque arbre est un dessin d'herbier — Mémoire accroissant cercle à cercle Une série d'alliances. Purs de clabaudage et d'avortements, Plus vrais que des femmes, Ils sont de...
Ta rose distraite et trahie Par un entourage d'insectes Montre depuis sa robe ouverte Un cœur par trop empiété. Pour cette pomme l'on te rente Mais que t'importe quelqu'enfant Fais de toi-même agitateur Déchoir le fruit comme la fleur. Quoiqu'encore malentendu...
Quatre arbres ont vu passer la Peste. C'étaient trois grands peupliers d'or. C'était un saule au bord du pont qui souleva un peu le front. Quatre arbres regardaient dans l'onde leurs doux reflets d'or et d'argent, et tout était tranquille au monde. La...
la feuille est là, au bord de l'abîme de l'arbre, en frêle équilibre entre le vide et le vide il suffirait de presque rien, d'un peu de pluie, d'un coup de vent, lors d' une saison malencontreuse : la feuille basculera dans l'anonymat de la chute et rejoindra,...
Rien ne finit jamais comme on voit dans les livres Une mort un bonheur après quoi tout est dit Le paladin jamais la belle ne délivre Et du dernier baiser renaît la tragédie L'homme a le souffle court et pour peu qu'on le berce Le dimanche l'endort que...
Sous la branche qui pliait, impatiente de toucher La plage, nous avons disposé un étai, Un cairn formé de quatre pierres, Mais nous avons pris nos gémissements Pour ceux du cerisier, car c'était comme si, Couturé de crevasses, impatient de mourir, Il...
Doucement, doucement… Aïe, aïe ! Oh ! Attention... ! Six mois ! Vous vous rendez compte ! Six mois que je prends racine dans le Parc des Longues Allées ! Et maintenant, vous voilà ! Enfin, vous ou d'autres, les humains se ressemblent tous tellement… «...
Que te murmure le sang dans les oreilles et aux tempes quand c'est aux environs de février que dans le bois encore desséché court le bruit d'une vie qui recommence et, obscure, gémit dans les animaux sans sommeil, s'agite dans la mer et, par-delà la mer,...
Les grands peûpliers, comm' des Capucins, Vont chanter les Vêp's, sous leû' rob' de bure. Les brouillards du soér i's r'mont'nt en essaims Du fond des vieux douét's, dans les vieill's pâtures. Là-bas les côtieaux i's s'gonf'nt, comm' des seins, Sous l'z'écharp's...
Le vent dans l'adultisme des arbres semble feuilleter une édition brochée ou encore tâter avec impatience le pouls de la verdure — Mais seul l'ouragan sans violence déprimante et comme plongé dans l'oubli se renie lui-même et d'autant plus arrache les...
Des arbres atteints de jaunisse Croisent notre chemin. La maladie est une merveille parfois. Pénétrés par l'esprit, Les visages cireux s'allongent, Mais nul ne cherche plus la guérison. En automne on sourit de façon tolérante Tout au long des sentiers....
Sur toutes les cimes La paix. Au faîte des arbres Tu saisiras Un souffle à peine. Au bois se taisent les oiseaux Attends ! Bientôt Toi-même aussi Reposeras. Goethe É légie de Marienbad et autres poèmes Traduction de Jean Tardieu Gallimard, 1993 ♦ Wandrers...
Des noires forêts de l'Irati aux marbres d'or du Marboré, soit cette résonance ma très certaine habitation. Quand mon corps sous les neiges n'aura plus même mémoire de chevauchées ni de batailles, mais seulement rumination d'humus et de racines, soit...
L'arbre qui s'éteint Devant moi dans la fleur de l'âge S'en va les branches rageuses Soulevant le trouble des trophées Troqués contre les victoires fictives Nulle attente à l'écoute Des émergences promises Mais la retraite précoce Devant les palissages...
Le bouleau se souvient contre qui je m'adosse de mes paumes sur lui quand je le mis en terre. Il sait que j'ai planté cette boulaie pour faire oratoire païen comme une cathédrale de feuilles et de fûts où je vais écouter les aveux des bourgeons et humer...
Les voiles de l’arbre claquent se déchirent embarcation toujours à quai ce sont les saisons qui voyagent Ce sont le soleil les airs qui jettent sur les hampes des couleurs d’étendards L’arbre n’est qu’un mannequin vêtu et dévêtu à volonté un prototype...
Ô bel arbre qui, de branche en branche Fait peser et ployer ton feuillage, Tisse la voûte de ta cime Autour du vieux tronc rudement dressé Et tamise un soleil luxuriant et changeant Qui plonge largement sur ton torse de bronze, Qui sent s'alourdir de...
Les tilleuls sur la place Ombragent les amours. Fugitive, l'heure passe, Tournent les saisons. Les tilleuls sur la place Murmurent dans le vent, Mais la brise efface Le plus joli serment. Les tilleuls sur la place Connaissent le secret : Nous étions venus...
De la sciure maintenant que la terre envahit, une fois dépecé l'arbre abattu, mais sa vraie trace, on demeure à l'écart en pressant les poings, en les relâchant, ce vide entre les immeubles dont il atteignit les toits, ce vide en la poitrine : tu dirais...
Nos hivers demeurent un peu trop longtemps : tous nos oiseaux meurent avant le printemps. Pleurent les cors de chasse, la bise de janvier — après les saints de glace le ru coule au gravier. Tout mon espace vibre sous la neige ténue qui me prend fibre...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté