Je suis tout imprégné de mer et sur ma tête écument les nuées Dans le jardin de Gulhané voilà que je suis un noyer Un vieux noyer tout émondé le corps couvert de cicatrices Nul ne le sait ni toi ni même la police. Dans le jardin de Gulhané voilà que je...
Mesure tout l'envoûtement des feuilles si vertes. Quand éclate le coucher je grimpe sur le branchage. Cette quiétude, la vois-tu ? Pourpre dans l'après-midi s'effilochent des voix anonymes et étranges. Tu dis ne pas connaître mon nom et cela t'inquiète....
Moi, forêt, Je ne me rends pas compte de ce que je fais ! Je viens, je vais Comme un grand bruit hasardé Et mes arbres sont fiers comme des comédiens Qui viennent par hasard au village Et content de longues histoires de voyage Où nul ne comprend rien...
Toujours l'un, le peuplier, au bord de la pensée, Toujours le doigt qui se dresse à la lisière. Loin devant, le sillon hésite dans le soir. Mais le nuage : passe. Toujours l'œil. Toujours l'œil dont tu lèves la paupière à la lueur de sa sœur baissée....
Il faut aux arbres du soleil Pour qu'ils nous donnent leur ombrage. L'ombre naît plutôt de la nuit, Du cri de la chouette effraie. Elle naît de la solitude Qui s'écoule comme une plaie. Si les humains, dans leur langage, Confondent l'ombre avec l'ombrage,...
Mes yeux tout excités me prennent par la main, Me mènent à travers un pur réseau couleur fuchsia, Des arbres de Judée qui bâillent et s'étirent vers la floraison. Notre contact subtil nous réveille, Cependant que je passe d'une pièce à l'autre À l'intérieur...
Repos des feuilles au bout des nerfs et des ailes. Un sommeil blanc le désespoir qui arrive en boitant une de ses dents est morte une autre danse une autre est une branche qui dépasse l'arbre comme un drapeau sans ombre. Toutes les dents sont un royaume....
Aucune lyre ne peut dire L'amandier en fleurs. Il n'est pas, Même en amour, d'alléluia Capable d'un pareil délire. En Provence, les amandiers En fleurs, c'est fait pour qu'on espère. Si ma vie était à refaire, Tant d'amandiers je planterais Dans mon verger....
Manuel, après un long séjour à Cuba, retrouve son pays natal, Haïti, qui est accablé par la sécheresse. Manuel traversait le bois encore assombri et les branchages se penchaient sur le sentier bordé de cactus. Mais il se rappelait : après des détours...
Sous la branche qui pliait, impatiente de toucher La plage, nous avons disposé un étai, Un cairn formé de quatre pierres, Mais nous avons pris nos gémissements Pour ceux du cerisier, car c'était comme si, Couturé de crevasses, impatient de mourir, Il...
Il Re Travicello Face au roi Soliveau, Qui échut aux grenouilles, Je tire mon chapeau Et fléchis le genou ; Déclarant à mon tour Qu'il leur tomba du ciel : Combien commode et beau Est mon roi Soliveau ! Il chut dans son royaume En menant grand fracas...
Dans les nervures de vos paumes j'avais lu la mauvaise aventure au bout de la sève attendait l'automne et mon amour aussi s'effeuillait arbres j'avais noué ma peine à vos griffures pour ébouriffer l'hiver hirsute d'éraflures j'ignorais alors qu'au printemps...
La soif a le bourgeon, le bourgeon a la soif et si l'écorce s'ouvre et la terre s'ouvre, couvrant l'arbre tous les arbres de poussière, le jour demeure lourd, l'air extrêmement lourd la terre se ferme, le torrent fermé va arrière. l'arrière est asséché...
Dans la douceur d'un soir de mai, frénétique, le saule pleureur s'agite. Ses branches se déhanchent et fouettent le sol en soubresauts et gros sanglots. Sur le rouge du couchant un chat noir s'enfuit, un duvet clair collé dans ses moustaches. Paul Bergèse...
Ô bel arbre qui, de branche en branche Fait peser et ployer ton feuillage, Tisse la voûte de ta cime Autour du vieux tronc rudement dressé Et tamise un soleil luxuriant et changeant Qui plonge largement sur ton torse de bronze, Qui sent s'alourdir de...
Cet arbre vers lequel tu tendais tes mains enfantines, le grenadier verdoyant aux belles fleurs vermeilles, a tout entier reverdi naguère dans le jardin solitaire et silencieux, et Juin le vivifie de sa lumière et de sa chaleur. Toi, fleur de mon être...
Pour Stuart et Jeffrey Fabe Même si une centaine de charmes S'abattaient, pareils à de gros bouddhas, De poiriers plantés dans le ciel, Et s'ils tombaient des cieux d'ivoire Pour se poser sur mes yeux grands ouverts, Comme manne de fruits d'Orient, Je...
Peuplier, danseur d'absolu, Marié au vent mais infidèle, qui renoue l'air Plus que l'air ne peut tenir, Ici levé tout blanc, et là Tordu, ailleurs Ployant, vert répandu, Jamais tranquille et dont la pure mobilité Peut pour un arbre supporter le poids...
A Felisberto Hernandez I Puisque le sombre humus cache Tant de vert par-devers soi Et dans sa lourdeur compacte Les futurs oiseaux des bois, Arbres, vous sortez de terre, Feuille à feuille, avec des chants Qui sont les frais ornements D'une commune misère....
Oranger en pot, que ton sort est triste ! Tes feuilles rachitiques frissonnent, effrayées. Oranger des villes, comme il est triste de te voir avec tes oranges sèches et ridées ! Pauvre citronnier au fruit jaune comme un fruit bien lisse de cire pâle,...
Ils sont trois les arbres robustes qui hantent l’espace de mes obsessions : le cyprès, pointe acérée dans le ciel étoilé, rassemblant les ombres d’amis partis trop tôt, perçant le chant des rossignols, l’exubérance matinale des alouettes ; le peuplier,...
La maison avait changé d'adresse ma photo avait changé de place la table avait été pliée derrière la porte la chaise de mon père, aussi, seul le vieux tapis fleurissait le sol Je t'ai trouvée enfin dans un jardin nu avec ton châle noir l'esprit en dérive...
Dans les immenses forêts de la Sibérie orientale il y a une clairière. Dans cette clairière il y a un bois d'hibouleaux. Le hibouleau est un bouleau à tête de hibou. On dit aussi que le hibouleau est un hibou à pattes de bouleau. Quand vient la nuit noire...
D'entre les arbres morts, la mort a fait son choix ; le plus beau revêtu d'argent mince comme une lune, dans l'orfèvrerie du ciel à demi ouvert ; l'arbre aux ciselures d'orgueil, ouvragé comme un bijou d'ancien temps, les feuilles étincelantes dans les...
L'arbre est parmi nous, mélomane et complice. Il nous souffle à l'oreille un brin de confidence. Il nous chante ses joies, sa peine et ses souffrances. Main contre écorce, on sent battre son cœur et fluer dans ses creux des pulsations de sève. D'humain...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté