Ton rire fait songer à cet arbre entrouvert
par l'éclair argenté, par la foudre qui tombe
du ciel et qui vient se briser sur la cime,
partageant l'arbre en deux par un seul coup d'épée.
Seules les hautes terres au feuillage de neige
sont mères d'un tel rire, ô ma bien-aimante,
c'est le rire de l'air libre sur la montagne,
et coutumes d'araucaria, ma bien-aimée.
Mon Andine, vraie montagnarde de Chillan,
viens déchirer l'obscur des couteaux de ton rire,
la nuit et le matin, et le miel du midi,
que s'élancent au ciel les oiseaux du feuillage :
tu viens, c'est pour briser cet arbre de la vie
avec ton rire et sa lumière dissipatrice.
Pablo Neruda
Les vers du Capitaine
suivi de La centaine d'amour
Traduit de l'espagnol par Claude Couffon,
Jean Marcenac et André Bonhomme
Gallimard, 1984