Je l'ai trouvé sur la grève Mordu par le vent de la nuit Sifflant de sèves Troué de pluie Il brûlait là comme une pauvre étoile Rousse et malsaine Nourrie de joncs Parmi les pierres Je l'ai trouvé près des vagues Empoisonné par leur noire lumière Je l'ai...
Omer, scheik de l'Islam et de la loi nouvelle Que Mahomet ajoute à ce qu'Issa révèle, Marchant, puis s'arrêtant, et sur son long bâton, Par moments, comme un pâtre, appuyant son menton, Errait près de Djeddah la sainte, sur la grève De la mer Rouge, où...
Pour Nicholas Nabokov. Sylvain signifiait sauvage dans ces bois primitifs Qu'aimait tant dessiner Piero di Cosimo, Où les corps nus, les ours, les lions, les truies aux têtes féminines Se chevauchaient, se massacraient et se mangeaient tout crus, Sans...
L'arbre devenu livre Au printemps les oiseaux se nichent dans ses feuilles Pour becqueter joyeux les graines de ses lettres Et lui parler d'amour avec des mots d'insectes Des proverbes veinés de vert Œufs de sagesse et de mystère Des trilles qui se nouent...
Ce ne sont pas les peupliers qui feront taire les marronniers Ils sont trop clairs pour empêcher qu'il fasse beau sous les préaux Mais tout de même les peupliers ça parle haut encore plus haut qu'un maître marronnier Et c'est aussi — un tant soit peu...
Hêtre, tu t'appropries ma vie sur tes lances et tes bourgeons, et ton évasion de tendre vert je ne puis pas plus la surmonter que le ciel visible ne calme l'intensité qui te consume. Ô soir, je ne suis pas seul à regarder, toi aussi tu me regardes, et...
Le maître défendait que même las on s'étendit dans la journée souvent les mots lui restaient sur les lèvres au fond du jardin plein de guêpes et de ronces il restait parfois près du même arbre debout et la main sur l'écorce le chien pouvait seul se coucher...
En Russie, si l'on en croit une énigme, le saule était un bouquet de soleil. Parfois on y distinguait une fleur plus lumineuse : un coq dont le plumage rutilant tombait jusqu'à terre. En Chine, la feuille de saule se présentait comme une suite de symboles,...
Arbres complaisants, sachez Que cette heure d'avant l'aurore Est du lever de ma clarté : Car je mets ma terre à l'essor, Ne pouvant plus la transporter. Je la tiens serrée sur mon cœur, Elle risque trop d'éclater Comme font les chardons sauvages. Vous...
À Bente C'est une nuit d'été que j'ai pour la première fois entendu la forêt parler, je me suis arrêté pour que le bruit de mes pas, - j'ai dominé mon émotion pour que le battement de mon cœur - ne se mêlent pas à cette voix tumultueuse de feuilles, -...
Dans la forêt silencieuse, la nuit n'est pas encore venue et l'orage de la tristesse n'a pas encore injurié les feuilles. Dans la forêt silencieuse d'où les Dryades ont fui, les Dryades ne reviendront plus. Dans la forêt silencieuse, le ruisseau n'a plus...
Je suis un arbre les enfants ! Je suis un arbre Sur lequel de temps en temps Viennent tout furtivement Se poser des oiseaux-poëmes (drôles d'oiseaux vraiment !) Les attraper c'est difficile Vers l'un parfois je tends ma branche (Je veux dire mon bras...
Ô mes fiers brasseurs de vent de nuages de ciel, y songiez-vous assez à partir à quitter ce monde aveugle et vil hors des bras de l'enfance, à disparaître des voies de garage et des enclos et des jardins où vous comptiez pour des prunes, parasols à peine,...
Loin, dans les bois, j'ai coupé une branche noire, assoiffé j'ai porté son murmure à mes lèvres : était-ce donc la voix de la pluie qui pleurait, une cloche brisée ou un cœur mis en pièces ? Quelque chose qui de si loin m'est apparu, enfoui dans sa douleur,...
J'ai un voisin robuste, Un marronnier de l'avenue Re Umberto ; Il a mon âge, mais ne le paraît point. Il héberge des passereaux, des merles, et n'a pas honte, En avril, de se faire pousser bourgeons et feuilles, Et des fleurs frêles au mois de mai, Puis,...
J'ai plaqué mon chêne Comme un saligaud Mon copain le chêne Mon alter ego On était du même bois Un peu rustique un peu brut Dont on fait n'importe quoi Sauf naturell'ment les flûtes J'ai maint'nant des frênes Des arbres de Judée Tous de bonne graine De...
L'arbre à cuvettes pousse en général au milieu de la cour. C'est une branche d'arbre, fichée dans le sol, dépouillée de son écorce. A ses rameaux dressés vers le ciel, on suspend les cuvettes. La cour prend ainsi un petit air de fête : la grande bassine...
Quel est son nom ? Platane, érable ou marronnier ? Je connais son tronc seul et le reste est chimère : Sa racine, enfouie au secret du cellier, Son faîte qui, là-haut, sur la toiture en verre, Est curieusement soucieux de son pied. Son tronc vit dans...
(...) Vivant je porte en moi la mort, ma mort, à moi-même secrète, incroyable et certaine, le fruit du fruit trop vite mûr, la graine de la graine ... Peut-être serait-il moins bon de naître sans racines qui vont plus profond dans le sol (que les branches...
Et le mot "arbre" vint à moi au cœur du nid des rêveries sèves vibrantes arrachées aux sources vives de la terre. Et l'arbre vint en son printemps les bras tendus vers la lumière, si plein de chants si plein de feuilles là où les nids veulent cacher amours...
Etancelin. Qu'un arbre tombe Auprès de la Tombe à l'Enfant Il frappe un bruit sauvage et sombre A croire que mon cœur se fend. C'est un géant : vacille et tombe Ecrasant ses petits enfants Colosse épandu. Point de tombe Mais des cognées, des scies crissant....
Sec, bref, dans la forêt, bruit d'un caillou de l'ancienne moraine, tombé dans le lit du torrent, après des millénaires de patience dans l'obscurité capiteuse de la terre. Juste un bruit sec et son écho, vite absorbé par le chant des derniers oiseaux....
Parmi les chênes, les épicéas héroïques vous êtes des mères taciturnes et humbles, fécondes et conciliantes, pommiers qui vous inclinez, tout parfum... Vous êtes les Parques consolatrices penchées sur le berceau de ma misère. Blanchâtre, le ciel au-dessus...
L'arbre est le seul patriarche qu'il accepte, son ombre est sans clôture, ne pèse pas, le comble d'amplitude et de recueillement, féminine, profonde, dont les bras sans matière ont la douceur de l'obscur, car sa béance se nourrit d'un silence plein de...
L'arbre entend la rosée distribuer les saisons. A chaque jour, chaque feuille. Que ne suis-je arbre ? Mon tronc grandirait sous l'écorce éclatée, mon feuillage suerait de perles mauves, Alors il me serait égal ceux qui passent - et de survivre et de croître....
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté