" Hommes, vous qui jugez l’arbre sur sa ramure, vous plus volages que mes feuilles, vous croyez sonder les épaisseurs où mon destin se mure. Quand mon squelette oscillera, puis, foudroyé, avec fracas de craquements sera par terre, vous direz : – Il est...
L'écorce est nervalienne. Elle rêve d'un arbre qui l'embrasserait de tout son bois, d'un arbre dont elle deviendrait le cœur, et à partir duquel elle s'élancerait en criant sève qui peut. Ce sont les mots, bien sûr, qui font rêver le poète, mais à quoi...
(...) Vivant je porte en moi la mort, ma mort, à moi-même secrète, incroyable et certaine, le fruit du fruit trop vite mûr, la graine de la graine ... Peut-être serait-il moins bon de naître sans racines qui vont plus profond dans le sol (que les branches...
Ô les tendres propos et les charmantes choses Que me disait Aline en la saison des roses ! Doux zéphyrs qui passiez alors dans ces beaux lieux. N'en rapportiez-vous rien à l'oreille des dieux ? SEGRAIS. Vois, cette branche est rude, elle est noire, et...
J'ai plaqué mon chêne Comme un saligaud Mon copain le chêne Mon alter ego On était du même bois Un peu rustique un peu brut Dont on fait n'importe quoi Sauf naturell'ment les flûtes J'ai maint'nant des frênes Des arbres de Judée Tous de bonne graine De...
Aux ombres de Landor et de Paul Valéry. A : - Pensez-vous que les hommes qui ont planté ces arbres, il y a longtemps, pouvaient les imaginer tels qu'ils sont aujourd'hui, aussi grands et aussi beaux ? B : - Il est probable qu'ils en avaient vus de semblables,...
1. Il revient. Dans le virage près de la carrière. Avec sa discrétion étoilée de fleurs blanches. C'est un arbre que je ne connaissais pas. Il est le premier à me dire ce matin le changement de saison et le retour des sèves dans les hauteurs d'élagage...
I Du monde confus, opaque des ossements et des graines ils s'arrachent avec patience afin d'être chaque année plus cribblés d'air II D'une yeuse à l'autre si l'œil erre il est conduit par de tremblants dédales par des essaims d'étincelles et d'ombres...
En Russie, si l'on en croit une énigme, le saule était un bouquet de soleil. Parfois on y distinguait une fleur plus lumineuse : un coq dont le plumage rutilant tombait jusqu'à terre. En Chine, la feuille de saule se présentait comme une suite de symboles,...
J'ai un voisin robuste, Un marronnier de l'avenue Re Umberto ; Il a mon âge, mais ne le paraît point. Il héberge des passereaux, des merles, et n'a pas honte, En avril, de se faire pousser bourgeons et feuilles, Et des fleurs frêles au mois de mai, Puis,...
Quel est son nom ? Platane, érable ou marronnier ? Je connais son tronc seul et le reste est chimère : Sa racine, enfouie au secret du cellier, Son faîte qui, là-haut, sur la toiture en verre, Est curieusement soucieux de son pied. Son tronc vit dans...
Les baies saignent dans la gloire des sorbiers, tandis que là-haut les peupliers sensibles indiquent à la brise par quel chemin passer. Une fauvette dorée s'amuse à imiter les feuilles qui se cachent dans les éclats du soleil. Ils sont tous complices...
Trois arbres tombés sont restés au bord du sentier. Oubliés du bûcheron, ils s'entretiennent, fraternellement serrés, comme trois aveugles. Le soleil couchant verse son sang vif dans les troncs éclatés, les vents emportent le parfum de leur flanc ouvert....
Etranger prends le temps d'aimer l'arbre accoude-toi à la terre un cavalier t'apportera de l'eau, du pain et des olives amères c'est le goût de la terre et des semences de la mémoire c'est l'écorce du pays et la fin de la légende ces hommes qui passent...
La nuit dit aux grands arbres à mots de feutre des paroles de lait bleu J'entends suinter la moiteur sucrée des feuilles dans les halliers de l'ombre La brume d'un lointain pays s'anime de doux chiens blessés dans la chaude rumeur de l'angoisse Au ras...
en dépit des oiseaux je me surprends souvent à remuer des branches dans la nuit je déplace des forêts j'échange des feuillages il me pousse soudain des branches bleues et des fleurs hors de la tête je m'éveille une pomme aux lèvres l'aube a tenté sa chance...
Je l'ai trouvé sur la grève Mordu par le vent de la nuit Sifflant de sèves Troué de pluie Il brûlait là comme une pauvre étoile Rousse et malsaine Nourrie de joncs Parmi les pierres Je l'ai trouvé près des vagues Empoisonné par leur noire lumière Je l'ai...
Les arbres ne souffrent plus Des maux de la terre De la racine de leur courage Leurs tourments élevés aux cimes Ont pris le goût de vivre leur poème Sans cesse renouvelé Ils mettent le prix qu'il faut Pour oindre chaque feuille D'une sève royale dont...
C'était lors de mon premier arbre, J'avais beau le sentir en moi Il me surprit par tant de branches, Il était arbre mille fois. Moi qui suis tout ce que je forme Je ne me savais pas feuillu, Voilà que je donnais de l'ombre Et j'avais des oiseaux dessus....
Ecoute-moi, les poètes lauréats se meuvent seulement parmi les plantes aux noms peu usités : buis, troènes ou acanthes. Quant à moi, j'aime les chemins qui aboutissent aux fossés herbeux où dans des bourbiers à demi asséchés, les enfants attrapent quelques...
L'arbre à cuvettes pousse en général au milieu de la cour. C'est une branche d'arbre, fichée dans le sol, dépouillée de son écorce. A ses rameaux dressés vers le ciel, on suspend les cuvettes. La cour prend ainsi un petit air de fête : la grande bassine...
Dans un suprême effort, le plus vieux séquoia, dont on estime qu'il aurait mille ans, entre le 15 avril et le 10 mai, survole sa forêt natale, jusqu'à perdre ses feuilles, ou vertes ou calcinées. Alors, parmi tant d'ailes qui s'entrouvrent, on entend,...
Le rossignol qui du haut d'une branche se regarde dedans, croit être tombé dans la rivière. Il est au sommet d'un chêne et toutefois il a peur de se noyer. Cyrano de Bergerac L'ombre des arbres dans la rivière embrumée Meurt comme de la fumée, Tandis...
L'arbre le roi muet soleil et brume touffe d'orage et d'incendie Sa trace empoigne le pays enclos les rêves ouvre les pages imaginaires Son geste de la fougère à l'étoile va du murmure à la mélancolie Ce soir d'hiver l'arbre le preneur de songes s'en...
Un arbre devant moi. Frémissant, vivant comme la mer. Contour déchiqueté. Coulées de roches de ses branches noires. Nuages le ceinturant de plages. Le vent l'ondule comme des vagues et les crêtes de ses feuilles renvoient la lumière-écume. Dans les tempêtes...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté