Aux trois cyprès de la colline
Qui se dressaient dans le couchant
À cette heure où le ciel incline
Son ombre rose sur les champs,
J'ai dit, j'ai dit ma peine,
Mais je l'ai dite à peine...
Aux trois cyprès de la colline
Écoutant la brise du soir
Qui les berce et qui les câline
D'une complainte sans espoir,
J'ai dit, j'ai dit ma peine,
Mais était-ce la peine ?
Aux trois cyprès de la colline
(Bah, ces arbres-là sont discrets !)
De ma charmante Rosaline
J'ai vanté les tendres attraits
Et dit que la vilaine
Cause et raille ma peine...
Ne croyez pas que je dirai
Ce que m'ont dit les trois cyprès !
Ce n'est plus pour ma Rosaline
Que je rêve sur la colline :
J'aime une autre vilaine,
Et c'est une autre peine...
Jean Berthet
Poèmes incomplets
Firmin-Didot, 1979