26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 06:02

 

Petit gars de pépinière,

Inconnu, si loin, si près,

Mon lointain cyprès tout frais,

Tu risquais le cimetière

Selon le sort des cyprès.

 

Mais je t'ai pris en tutelle,

Mais je te voue aux vivants.

On te replante en plein-vent

Contre ma maison nouvelle

Face aux gloires du Levant.

 

Verte lueur qui vacille,

Ah, par-dessus monts et prés,

Tendant mon bras apeuré,

Voutant ma paume en coquille,

J'ose à peine respirer.

 

Un arbre de mille années

Prend peut-être sous mes doigts !

Mon tendre filleul de bois,

Quelle dure destinée

Je viens d'élire pour toi.

 

Adieu les humus dociles.

Je t'offre un âcre terrain.

Tu vas te faire les reins

Dans la pierraille à fossiles

Et les souvenirs marins.

 

Si loin de toute fontaine,

Droit sur le thym raide et court,

Puisses-tu puiser secours

Dans mon rêve, ma trentaine,

Mon vouloir et mon amour.

 

Par-dessus champs et collines

Je te choie et te défends,

Toi, ma flammèche, mon faon,

Mon bleu sourcin de résine,

Ô mon millénaire-enfant.

 

Lourds platanes de Reillane,

Par les nuits, si loin, si près,

Fins amandiers des murets,

Par les nuits, mûriers, platanes,

Bercez, bercez mon cyprès.

 

 

            *

 

J'aurai ma maison gardée

Par un ange provençal

Tout flamboyant de mistral.

On n'en verra que l'épée

En noir acier végétal.

 

J'aurai mon cadran solaire

Dont l'aiguille est un cyprès.

Le temps qui s'exaspérait

Va s'allonger sur ma terre

Enfin saisissable et frais.

 

J'aurai pour glacer ma nappe

Et pour y bleuir le sel,

Pour y velouter le miel,

Pour y bénir nos agapes,

L'ombre d'un arbre immortel

 

 

            *

 

Un arbre de mille années

Vient de prendre son essor.

Je mêle à ses mèches d'or

Ma fugace destinée

Et je triche avec la mort.

 

Je me donne le vertige

À flatter ces ramillons,

Ces palmettes, ces bourgeons,

Ce vivant qui se dirige

Vers un avenir sans fond.

 

Sous la feuille déjà dure

Je touche le fût bien droit

Qui portera comme un roi

Les beaux siècles de verdure

Auxquels je n'aurai plus droit.

 

Bon départ et bon voyage,

Ô cyprès, sombre vaisseau !

Nous nous quitterons bientôt.

Rappelle-toi le passage

De mon fragile bateau.

 

 

 

 

Lucienne Desnoues

Jeune poésie française de Belgique

L'Hippogriffe, 1954 

SG

 

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