Un soir d'orage imprévisible Un soir de trains qui se jettent à poings fermés dans la nuit Un soir de sang sur les vitres Et de main qui cherche son appui sur les lampes Quand les rêves ne s'accordent plus Que dans les visages complices de la pluie Un...
Quand j’y allai, deux ailes claquèrent affolées, et ce fut tout. On y va seul. C’est un grand édifice composé de fissures, un édifice qui vacille toujours, mais jamais ne s’abat. Le soleil flotte au centuple par les fissures. Dans le jeu des lumières...
Les cheveux dans le vent gras et huilé de la ville, Il contemple le monde qui l'entoure : Vil. Enfermé entre deux colonnes d'immeubles gris, Écrasé sous la masse de fumée fade crachée par l'usine d'ici. L'ambiance est lourde, les moteurs grondent, Les...
Séculaires forêts, fatidiques royaumes Où l'oracle impudent divinisait la Peur, Place au fort bûcheron ! place au hardi sapeur Qui fraye à la Raison sa route sous vos dômes L'esprit geint dans le bois ? frappons le bois au cœur Pratiquons la trouée, et...
La feuille que tu vois dans ce jardin désert Se balancer encore au bout de ta charmille, Où tu passas l'été pour admirer l'ormille, Est le seul souvenir d'un automne disert. Dans le dépouillement de l'arbre, elle a bien l'air D'être, plus que ses sœurs...
Semblables aux filles de joie Mortes dans leur robe de soie, Feuilles tombées en plein été, Je pense à la beauté Que vous avez été. Dans l'herbe des vergers, Vos beaux corps ravagés Gisent près des troncs fermes Qui font la garde muette des fermes, Et...
Où, dans quels jardins toujours délicieusement arrosés, sur quels arbres, dans quels calices de fleurs tendrement effeuillés mûrissent les fruits étranges de la consolation ? Ces fruits savoureux, dont l'un peut-être dans la prairie piétinée de ta pauvreté...
A Jean Pélégri. Feuille une seule et pas une autre Qui frémit Passage d'un élytre Ou soupir de la sève L'arbre du soir un seul Debout devant un homme Devant cet homme et pas un autre Cet arbre-ci et pas un autre Pour qui le soir universel S'entoure de...
Cet arbre nu dit ce qu'il est, dit plus qu'il est. Le geste pur de son branchage est un emblème. Au gel de la douleur, une âme transparaît Fibre à fibre, évidente, et bien plus qu'elle même. D'abord, Vénus ou Lune, un astre seul répond, De la clarté bleu...
Ceci arriva en automne. Je cherchais quelque chose à faire quand je vis un homme sortir et ramasser du bois pour son feu. Eh bien il trouva une belle branche et se pencha pour la prendre. Elle sauta en l'air changée en oiseau ! Quand il se retourna vers...
Je ne veux plus entendre la triste légende que la forêt raconte. Les chuchotements s'attardent encore parmi les sapins, les soupirs s'attardent encore dans les feuilles, les ombres s'attardent et glissent entre les troncs funèbres. Viens, sortons sur...
De la plate-forme du tramway, je regarde fuir les arbres noirs. Le ciel est d'un gris profond. On songe qu'il sera toujours ainsi. Les arbres sont raides, grêles, s'épandent en ramures infiniment maigres et tristes. Tout au fond de l'avenue, les deux...
J'ai payé cette poire au marchand dans la rue… Ce fruit est bien à moi. — Mais je reste à rêver : Le marchand a payé le pourvoyeur des halles. Puis j'entrevois les besognes provinciales : On a payé, là-bas, ceux qui cueillaient ces fruits. J'imagine la...
Miel du temps Sur les murs luisants Plafond d’or Fleurs des nœuds cœurs fantasques du bois Chambre fermée Coffre clair où s’enroule mon enfance Comme un collier désenfilé. Je dors sur des feuilles apprivoisées L’odeur des pins est une vieille servante...
Tout arbre chez nous se tient debout comme un homme, mais immobile ; enfonçant ses racines dans la terre, il demeure les bras étendus. Ici, le sacré banyan ne s’exhausse point unique : des fils en pendent par où il retourne chercher le sein de la terre,...
C'est de l'arbre que je parle l'arbre qui saigne quand on le brûle l'arbre avec ses quatre saisons tranquilles ses racines sa source et la joie de ses branches ouvertes sur le monde entier comme ma main toute neuve ma main étonnée d'appartenir à l'arbre...
(Écrit en forêt de Saint-Germain) Même à l'arbre a déjà servi de devenir chenille : Il scintille au sommet en feuillage qui varie, En couleurs des intersignes de chenilles ! Comme palpes les cimes Piquent le ciel et la feuille élit cheminement de chenille...
à Philippe H. Il fait si beau dehors qu'un prisonnier dans sa cellule prend son rêve à son cou : Voici qu'un géranium passe la tête à sa fenêtre, qu'un grand soleil-géode nimbe la banlieue et que s'envole à tire-d'aile le couple de mésanges de ses mains...
Toutes les nuits je sors parmi les arbres Par le plain-pied de ma peine ordinaire, Facilement, comme d'entre les marbres Tu sais sortir de ta mort ordinaire. Que venons-nous chercher, d'entre les marbres Et moi du lieu du sommeil ordinaire ? Le secret...
les arbres du bord semblables à des canons dirigent vers le fleuve une ramure tronquée quelques caillots de sève lourds comme des attaches mentent aux enfants du dimanche en arrière-plan les peupliers présentent les signes d'un alignement convoqué André...
Que je le veuille ou non je cherche ce passage entre prière et poésie qui conduirait à Dieu comme un chemin de village coupant à travers les prairies. J'ai cueilli des bouquets d'images que j'ai placés devant son nom j'ai même choisi des visages pour...
Le Chêne, un jour, dit au Poireau : — Vous avez bien sujet d'accuser la Nature. Vous êtes tout petit et vous n'êtes pas beau ; Vis-à-vis des humains quelle triste posture ! On vous met dans le pot-au-feu Et puis c'est tout. Dans son mépris allégorique,...
Les feuilles tombent des arbres, Les arbres poussent sous le vent, Le vent contient les feuilles. Le vent, les arbres et les feuilles, C'est comme un toboggan Qui monte et qui descend. Les feuilles descendent des arbres, Les arbres glissent lentement,...
Le chêne, tout fier de sa force, Disait : Je ne crains pas le temps ! Le bouleau vantait son écorce, Le saule ses rameaux flottants. Quand tous, jusqu'aux plus grêles branches, Eurent plaidé pour leur orgueil, Le sapin dit : Avec mes planches L'homme...
Grands fonds de la forêt émeraude océane Où nage un singe en feu Où s’envole un dauphin Dans la moiteur de rhum des jungles sous-marines Illuminées d’orchidées carnivores épiant l’oiseau Parmi la copulation incessante des espèces Puisant la vie la mort...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté