Vert de chêne. Un autre vert. Pas un vert allemand. Ô chêne caucasien. À côté de Gagra, cette ville qui m'est chère. À laquelle je fais amende honorable, Parce que j'ai écrit un jour ce qui me heurtait : J'ai écrit une image qui me déplaisait. Mais je...
L’intuition dit verdure Mais l’arbre où le saisir ? Vidé de sa substance absent du ciel et pierres Ni vallée ni rivière à douceur ayant voix vers lui à disparaître Au coin du paysage, qu’il emporte ses noix ! Liant en lui et déliant désert et souffle...
La vraie douleur ne fait pas de bruit : elle laisse comme un bruissement de feuilles de peuplier agitées par le vent, une rumeur intime, d’une vibration si profonde, si sensible au moindre frôlement, qu’elle peut devenir solitude, discorde, injustice...
La leçon des grands arbres est cette croissance, ce grand dessin contre le ciel pour nos yeux. Un jour c'est la chute inéluctable, l'air béant où s'élevait le fût, les demeures de feuilles (quand la silhouette d'un jet sur l'horizon le signait de son...
La mer est une idée Un soupir élargi vers la plage Elle assaille et retire Ses regrets de marée Là le sol est béni La récolte est sacrée Et mortelle la durée De qui rame Le record. L'eucalyptus perclus Perle la misère Des tristes jours d'hiver. Ne bougeant...
1 Je me souviens d'une grande pitié. C'était le temps des arbres. Le temps de juste avant la mort, temps marqué. Vieillis, arbres vieillis dans le temps induré. Boyaux de bois sacrifiés par l'aride. La sécheresse est leur saison La sécheresse est leur...
L'érable au torse dur et fort, Ébrèche le fer qui l'assaille, Et, malgré mainte et mainte entaille, Résiste aux plus grands coups du Nord. L'hiver, dont le cours s'éternise, De givre et de neige a tissé Le linceul de l'arbre glacé. L'érable est mort !...
Celui-là ne sait pas où le blesse le jour — peut-être est-ce dans les années lointaines, les bancs du jardin ont été arrosés avec les allées où déjà la nuit sèche, les yeux sont sans repos qui ne rencontrent pas l'arbre-yourte, toutes ses branches retombantes,...
Mon Bien-Aimé, tes feuilles ondoient Elles sentent mon désir De courir par-dessus les montagnes Pour te baiser la main, Toi l'audible à attendre, Main d'or, Main d'existence effleurée. Elles t'appellent, Et moi je les appelle par ton prénom, prince-dieu,...
une branche s'élève à côté une autre reste assise elles étendent leurs ombres grises sur le sol devant nos pas d'autres branches couchent leurs doigts à leurs pieds nous nous parlons comme nous nous parlions à pas feutrés avant de se connaître vraiment...
Percevoir les gens là où ils ne sont pas leurs murmures dans les feuilles remuées leur présence dans la présence des arbres leur amoncellement les uns sur les autres The sense of people here where they are not their voices’ murmur in the moved leaves...
Septembre, et quelque part les dernières feuilles des sycomores sont retournées à la terre. Le vent nettoie le ciel de ses nuages. Que reste-t-il ici ? Des coqs de bruyère, des saumons d'argent, et le pin foudroyé non loin de la maison. Un arbre frappé...
Un coup de vent soudain une agitation de toutes parts qui passe aussi vite qu'elle est venue et à nouveau l'immobilité l'immobilité étrange des arbres l'immobilité étrange qu'ont les arbres. A sudden fit of wind an agitation in all parts that passes as...
— Chanson d'Automne — Une châtaigne eut un amant... Un marron d'Inde, évidemment ! Ventru, joufflu, tendre et sucré, Une peau douce de bébé... * Le mari ne soupçonnait rien ; Épris de justice et de bien, Voyant le monde à son image, Sans grand désir,...
Le désir de vivre cherche son incarnation, qui est un arbre en automne, seulement un arbre et ses feuilles qui roussissent et déjà s’envolent sous les nuages, rejoignent la terre humide, seulement un arbre et l'éternel corbeau — tu as vu d'autres arbres,...
Le vent ferait croire à la pluie. Les feuilles tremblent — lent émoi, Qui frémit et meurt chaque fois Qu'un souffle pur les a saisies. La grise après-midi s'ennuie, Et ma peine voudrait pleurer. Mon Dieu ! Mon Dieu ! faut qu'on oublie Faut qu'on dorme...
Nous avons contourné l'automne, résolus À ne plus mourir de nostalgie, à laisser Les arbres porter haut leur cime, et le pré Dévaler vers l'étang où une feuille, en sa chute Troue le reflet du ciel. Entre racine et feu Nous advenons regard, nous advenons...
Automne, passant qui trébuche, chemine dans le soleil et la pluie, la boue, les frondaisons flamboyantes, le vent et ces journées lentes, humides et douces où rien ne bouge et lui est partagé aussi, élan et chute, promesse, désaveu, le promeneur contrarié...
Octobre aux pigeons bleus vient glacer sur nos lèvres Le jus, poisseux et fort, de nos midis mordus Des houles de vent haut gonflent et puis soulèvent La marée des prairies où les pommes ont plu. Or, levant mes regards vers le nid de la lune Je vis sa...
Bris de vitre sous les pas Les bois roux, bruns des paillettes de feuilles mortes dans les chênes. Sur le chemin une herbe rabougrie au soleil un labour de miel. Le gris-vert des proches écorces dans la lumière semble sourire. Paul de Roux Entrevoir suivi...
Des couleurs dans la brume et la nuit qui percent avant le jour : des roses, pâles, d'octobre finissant et l'ocre et le roux, et le jaune sur la brassée du feuillage. Quelque chose veut être malgré les errances, les défaites, le temps, qui s'élève sur...
Dernier or des feuilles, dilapidé avec la pauvre lumière, sous les nuages comme si quelqu'un tout de même allait venir une par une ramasser toutes les feuilles les ramasser toutes dans son cœur, et avec elles panser ses blessures, dormir peut-être comme...
Je suis l'homme des bois ! Mes amis ne sont plus les hommes, J'oublie les tristes autrefois Parmi mon cher royaume. Le silence, la majesté, Les parfums, les couleurs, les rêves Et la troublante intimité Des grands arbres riches en sèves, Les matins bleus,...
Arbre marqué du forestier aux mains épaisses Je vis de peu Et mon domaine est sans espoir En son orient, le pied chaussé de fougères Je m’efforce de goûter aux heures des poussières d’or Le rien de fraîcheur qui me reste De ma cime je balaye les nuées...
À la mémoire d'Odysseas E. L'âme pleine d'un souci clos sur lui-même telle une de ces boîtes-à-secret chinoises qu'on tourne et retourne dans ses mains avec agacement soupçonnant que si l'on parvenait à faire jouer le déclic du couvercle on la découvrirait...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté