Chanson d'Automne
Une châtaigne eut un amant... Un marron d'Inde, évidemment ! Ventru, joufflu, tendre et sucré, Une peau douce de bébé...
*
Le mari ne soupçonnait rien ; Épris de justice et de bien, Voyant le monde à son image, Sans grand désir, il restait sage.
Châtaigne, châtaigne, où vont tes pensées ? Tu veux de la vie encore goûter Les désirs secrets, les plaisirs sucrés, Oublier regrets, jeunesse passée.
Il était veilleur de bourrasques, Et loin, de suspecter les frasques De sa belle
œ
Écoute bramer le cerf aux abois...
Passe l'automne, passe le temps, Il est court celui des amants ; La vie réserve des piquants, Même aux châtaignes dans les champs.
Un soir qu'il surveillait là-haut, Il vit allumant les falots, La bourrasque qui emporta La belle et l'amant dans ses bras...
Châtaigne, châtaigne, amie de mes prés, L'on ne peut être et avoir été. Ils ont arrivés, châtaigne, amie de mes bois, Ils sont arrivés, l'hiver et le froid. (Bis)
Patrick Derouard À la dérive des rêves Éditions Sol'air, 2001 |