À la mémoire d'Alexandre Serguiévitch Pouchkine. Qu'as-tu, sombre forêt, — à être si pensive ? — D'un obscur souci — pourquoi t'embrumes-tu ? Comme Bova ¹ , le puissant héros, — l'ensorcelé, — qui marchait sans armure — de tête au combat, Tu te tiens...
S'il fallut que ces morts mûrissent Dans la ténèbre des limons S'ils fallut que ces morts pourrissent Sitôt sortis de leur cocon Qu'ils soient borgnes ou scrofuleux Qu'ils soient ventrus ou rachitiques Ces fils du diable et du bon Dieu N'en sont pas moins...
Vous, si hauts dans le temps, mes arbres, mes héros Invincibles, mes statues vivantes, si je pouvais Tout près de vous m'étendre, en vous me reposer Dans l'absence de toute rêverie, l'absence De toute signification, n'être plus que branches Et racines,...
Environ le printemps (le 21 mars, + ou - x jours (x variable - si x est proche de 365 on dit « y a plu' d'saizon ! » ou bien on dit « printemps pourri ! »)) environ le printemps, disais-je les arbres n'ont plus pour seul vêtement les moineaux les feuilles...
Ce cyprès ne pousse pas au-dehors mais en lui-même à l'intérieur creuse son ciel en s'élevant l'air qui l'entoure aussi solide que la forêt là-bas prend la substance des feuillages l'espace est vert massif l'air est aussi une forêt tout est posé sans...
L'arbre qui sait gratter la soupente du ciel pour y voler en plein midi l'arbre-berger d'avant l'orage vrille à ses feuilles toutes les eaux. Dans des mémoires solitaires il vit dressé comme une éponge de lumière sur le plateau qui souffre de soleil....
Il y a bien longtemps que j'ai Laissé ma tête sur un arbre Ou sur un mur J'avance, je traverse des villes Les habitants me saluent Nous rions, nous ne nous heurtons Pas aux arbres Je passe entre des maisons, des Portes Je me dissous Une feuille à ma place...
Forêt recommençante, arbres, léger feuillage, Charme des mois nouveaux, Qui ne laissez tomber pas même un peu d'ombrage De vos tendres rameaux, J'aime par-dessus tout les nuances tissées, De cent sortes de verts, Qui viennent divertir à vos cimes pressées...
La foudre l'a réduit À ce creux de craie noire Où le calme de l'air Fait miroiter ses glaives. Nul corbeau ne le prend Pour complice, pour cage : On s'écarte du tronc Ceinturé de bretèches. Quand le printemps se grise De pistil et d'ovaire Il croit voir...
(Les femmes aux hommes de guerre) Ces ombres faibles ces ombres fragiles que le miroir menteur dit que nous sommes Ces humeurs de personnes aux âmes offensées trahies, outragées, fouettées par le vent et à peine portées par leur jambes diaphanes sont...
Elle donne rendez-vous aux arbres, quand les feuilles se dérobent aux désirs de la saison. Les géants de bois se dévêtissent doucement et répandent dans les airs une pluie sauvage et colorée. Elle aime se mouvoir à l'intérieur de ce miracle. Ses pieds...
La lumière a reparu au soir quand on ne pouvait plus y croire. Elle s'est posée, comme un doigt sur la flûte à mi-hauteur du grand arbre : longue note, unique, sur le frêne dont elle a fait blondir le feuillage et le bois. Blessés, humiliés même par la...
Je pense à vous, et c'est comme, pour un feuillage, de découvrir en son sein sa ramure, la haute verticalité du tronc qui le dresse et distribue autour de lui le paysage, une rose d'un rouge un peu fané, dans la verdure un pot ébréché ; je pense à vous,...
Ce temple de cyprès, qui ne chante ou murmure, Profond comme la mort ; L'éternelle épaisseur fixée à sa ramure Par le décret du sort ; Sa funèbre beauté, son âme ténébreuse, Et cet esprit amer Qui fait rendre à l'excès de la chair amoureuse L'essence...
L'âme aux racines de vitriol, L'âme aux racines de crépuscule Est un cyprès qui se cabre dans les tornades Avec ses coqs sacrés et ses fruits imbrisables. L'ouragan aux barbes de vieillard Tordues de neige et de grêlons, Ferme le livre des tonnerres Tandis...
Les arbres timides et forts La nuit parlent à voix haute Mais si simple est leur langage Qu'il n'effraie pas les oiseaux Près du cimetière où les morts Remuent leurs lèvres de cendre Le printemps en flocons roses Rit comme une jeune fille Et parfois comme...
... di vegetabile soave più. Sous l'arbre où la lumière est à jamais aimable d'être comme un linceul du désir absolu, je me suis réfugié à la recherche de la terre priante sous le feu multiple des cigales qui tisse à travers l'air un fin réseau de signes...
Buée qui peuple encore les arbres — certains presque immobiles comme le vieux poirier aux fruits presque immangeables et tôt tombés — d'autres plus vibrants : saules ou peupliers dont les nids, toujours destructibles, bornent ces soirs de juillet entre...
Je voudrais cultiver une chênaie comme abri, au bord du chemin toujours vert, chaque arbre se raidirait pour résister aux intempéries ; les branches fermes s'étendraient avec la même certitude que tes cuisses émergent du tronc de ton corps, près duquel...
Sur sa tige droite il s'élance, D'un seul jet noble et pur, Et retombe, enivré d'azur, De flamme et de silence. Sa verdeur, son âge premier, L'éclat de la prairie Qui rend une molle patrie À ce tendre palmier, Ravissent l'île enchanteresse Et le sacré...
La fleur ivre a jailli de l'arbre, Allez Vers le soleil. Pour moi, je cherche. J'ai refusé le vin sombre du vent, Et j'ai fui Les nouveaux parfums De la terre. Où donc est ta maison Claire, Tendresse ? Dans le bois sans nom Je vais, Butant sur la nuit,...
L'amandier était noir cru, comme un fruit vert cru et rude sous le soleil de février. Sa taille était difforme, son tronc récalcitrant, ses branches toutes mêlées je me disais pourtant qu'il serait bon l'aimer mais qu'il faudrait lui faire trop de courbettes...
Ployant sous le faix d'un faisceau de gaules, même délivrés courbant les épaules, au long des fossés procession de saules... Liseré des prés que le vent élime, on dit — est-ce vrai — qu'à leur origine enclos ils étaient et prirent racine. Saules argentés,...
Vert de chêne. Un autre vert. Pas un vert allemand. Ô chêne caucasien. À côté de Gagra, cette ville qui m'est chère. À laquelle je fais amende honorable, Parce que j'ai écrit un jour ce qui me heurtait : J'ai écrit une image qui me déplaisait. Mais je...
L’intuition dit verdure Mais l’arbre où le saisir ? Vidé de sa substance absent du ciel et pierres Ni vallée ni rivière à douceur ayant voix vers lui à disparaître Au coin du paysage, qu’il emporte ses noix ! Liant en lui et déliant désert et souffle...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté