Au sortir de l'église laissant derrière nous
le brouhaha du service divin,
chocs d'encensoirs, sanglots des psaumes
sous la lueur du lustre
devant les noirs visages encadrés d'argent
nous sommes allés jusqu'au bout de la cour
où s'agitait en rafales fraîches
un platane.
Enraciné au fond de la pierre,
soulevant de ses lourdes ailes
depuis des siècles le ciel bien haut,
frémissant — son ombre nous recouvrit,
caverne, sous ses murmures.
Ce n'était pas la nature qui frissonnait alors.
Cette couverture de soupirs, de bruissements
n'était pas vouée à prédire l'avenir,
mais quiconque se tenait dans son ombre
allait respirer dans la terreur
une prière sans fin, rugueuse, obscure supplication.
Dans l'église les bruits du service encore,
la clameur provisoire ;
mais dehors il n'y avait plus
ni offrandes ni cierges ni encens ;
le crépuscule pesait déjà, le chuchotement du silence
approfondissait le chagrin du monde
qui tremblait, balançait, battait là-haut
dans les branches de l'arbre séculaire.
Stratis Pascàlis
Poèmes d'un autre
Fleurs d'eau
Traduction par Michel Volkovitch
Publie.net, 2008