Feuilles mortes jonchant le long sentier qui mène
Jusqu'à mon triste abri, feuilles d'or et de cuivre,
C'est bien votre destin qu'un jour je devrai suivre.
Frémissant avec moi vous caressiez la brise
Qui berçait le feuillage en un étrange rêve.
Chaque frais gazouillis réveillait votre sève.
Et la pâle clarté des nuits évanescentes
Vous couvrait d'un mystère à nul autre pareil,
Ô paupières écloses aux rayons du soleil.
M'attardant à votre ombre, j'oubliais mes blessures.
Vos murmures confus attisaient mon espoir :
Tout chantait dans mon âme, invisible encensoir.
Maintenant que vous êtes, mes sœurs, foulées aux pieds,
Que sur votre tapis royal chacun chemine,
Attendez le manteau d'immaculée hermine !
Pareil à vous, le cœur meurtri mais silencieux,
Je laisserai l'automne éparpiller mes stances
Envolées avec vous dans les mêmes cadences...
Sandu Tzigura-Samurcas
Invocations
Éditions Saint-Germain des Prés, 1972