Viens retournons là-bas
Dans les champs
les maisons de feuilles abritent encore nos ombres petites.
Regarde sur ton front la verte gloire n'est pas flétrie
— l'autre ne fut qu'un rêve —
et dans les vergers
les fruits d'alors n'ont pu décider
sans toi
de se changer en arbre.
Viens mon Rouge prends tes armes
j'ai mes chardons
et je m'appelle Fleur de cerisier.
Le temps n'est rien
il n'y a pas de lits pour nos morts
pas de fin pour nos figures
les corps mentent
les miroirs sont ivres.
Gisèle Prassinos
La Vie la voix
Flammarion, 1971