Il y a, dans les terrains bas, des trembles,
une source, de l'herbe,
de l'ombre épaisse comme un philtre,
ici les racines sont courtes
et l'automne a raison de dire
que l'année se couvre de moisi.
Regarde :
sur le kourgane *
où chante le vent,
où pleure le loup,
où sa plainte pousse dans mon cœur
ses racines,
se tient, vacillant,
un orme.
Rien ne le brisera, ni la canicule
ni la bourrasque,
ni la soif des jours de calme plat,
il se tient,
déployant contre les vents
les épaules de ses branches noires.
Et le cavalier chanceux
l'ayant vu, se met à pleurer
et... au galop.
Dans le creux, il abreuve son cheval
Et, sans mot,
remercie l'orme.
* Coline, tertre.
Oljas Souleïmenov
Traduction : Hélène Henry
Anthologie de la poésie kazakhe contemporaine
Éditions Michel de Maule, 2019