Cet arbre déraciné
couché en moi comme la phrase
d'un roman légende d'une antique forêt
abattue par les hommes respire-t-il encore ?
Je l'entends il m'appelle je le vois le je touche
et sa plaie suinte en moi
Et le voilà gisant sculpture favorite des dieux
Mon vers est trop petit pour enserrer son corps
Ma phrase est trop légère pour feindre le tombeau
Je le grave en ma nuit comme un bouclier d'or
et berce de mon souffle de mes bras sans effort
son fantôme de paix et de mélancolie
Béatrice Libert
L'instant oblique
L'Oreille du Loup, 2009