Ils ont envahi mon peuple
moi seul avec les racines qui traînaient
j'ai réussi à fuir le shtetl à travers des pays
qui m'ont effleuré comme des orties
Je suis arrivé ainsi dans de sombres sapinières
où les branches m'ont caressé comme des cordes
charme sournois
de sbires cachés dans des futaies
L'âme qui sort ici de la forêt
ne rend compte que de ce qui est arrivé
la forêt a gardé son aspect
et murmure : Tu as tout inventé.
Moses Rozenkrans
Poèmes de Czernowitz
traduits de l'allemand par François Mathieu
Laurence Teper, 2008