EN PASSANT PAR LA FORÊT DES ARDENNES.
Au milieu des bois inhospitaliers et sauvages, où ne marchent qu'à grand risque des hommes armés, moi, je marche sans crainte : rien ne peut m'alarmer que le soleil qui tient ses rayons du vivant Amour.
Et je m'en vais chantant (ô mes pensers sont sages!) celle que le ciel ne pourrait éloigner de moi ; car je l'ai dans les yeux, et il me semble voir avec elle des dames et des demoiselles, et ce sont des sapins et des hêtres.
Il me semble l'entendre, lorsque j'entends les rameaux, les brises, les feuillages et les oiseaux qui gémissent, et les eaux qui fuient en murmurant à travers l'herbe verte.
Jamais le sublime silence et l'horreur solitaire d'une ombreuse forêt ne me plurent autant, si ce n'est que mon soleil se trouve trop loin de mes regards. |
Pétrarque
Poésies de Pétrarque
Traduction complète par le comte F. L. de Gramont
P. Masgana, 1842