Le vieux tilleul se pâme d'aise
Souple et rond comme l'hortensia
Chargé de sucre comme fraise
Et d'oiseaux comme Saint François
Dans la cour d'école le temps
Depuis ma naissance suspend
Du miel à ses branches parlantes
L'ombre de ma mère qui hante
Cette cour et surveille encore
Les écoliers jouant aux billes
Au ciel de midi reprend corps
Je la vois, mon œil se dessille
Elle me fait signe en pleurant
Dieu garde ce tilleul vivant
Auprès duquel ma mère pleure
Au moins jusqu'à ce que je meure.
Catherine Paysan
Écrit pour l'âme des cavaliers
Éditions Favre, 2004