Le peuplier vert, devant ma fenêtre, Lentement se mue en peuplier d'or : Peut-être quelqu'un s'en vient, lorsqu'on dort Repeindre une branche, et s'enfuit..... peut-être.
Lorsqu'on le regarde, il ne change pas ; La cime apparaît toute illuminée, Ce soleil demeure. À chaque journée, Sa blonde clarté coule un peu plus bas.
Mais voici soudain que l'or abandonne Le sommet de l'arbre, et le laisse nu ; Son éclat s'en va comme il est venu..... C'est d'en-haut, du ciel que souffle l'automne.
Puis l'astre factice, aux bises dissous, S'éparpille et tombe en mille étincelles ; Du peuplier noir, le jaune ruisselle ; Un tas de soleil frissonne en-dessous !
L'arbre dévasté tend ses branches veuves, Implorant l'essor du jeune printemps. .....Qu'ils prient, leur espoir ainsi persistant, Les cœurs dépouillés au vent des épreuves. |
(La Vie orientée.)
Marguerite Perroy
Poésie : cahiers mensuels illustrés
1927