Sorbiers — non rouges encore,
non encore dans cette couleur
où ils évoluent en ardeurs tardives,
baies pour oiseaux, automne, mort.
Sorbiers — encore un peu blêmes,
pourtant regarde : déjà liés en bouquets
annonçant à mi-profondeur
les heures de l'adieu :
peut-être jamais plus,
peut-être cette dernière fois.
Sorbiers — cette année comme toujours :
en teintes d'abord ternes
puis en rouge
colorés pleins mûris offerts à Dieu —
mais toi, quand t'es-tu coloré,
quand as-tu été plein et mûr ?
Gottfried Benn
Poèmes
Traduits de l'allemand par Pierre Garnier
Gallimard, 1988