Peuplier, danseur d'absolu,
Marié au vent mais infidèle, qui renoue l'air
Plus que l'air ne peut tenir,
Ici levé tout blanc, et là
Tordu, ailleurs
Ployant, vert répandu,
Jamais tranquille et dont la pure mobilité
Peut pour un arbre supporter le poids du ciel.
Sycomore, que chalute le soleil qui penche,
Dessine sur ton écorce les lambeaux de lumière,
Et garde le crapaud moucheté sur ton écorce,
Trouble le regard jusqu'à l'endormir,
Sois un remous si profond
De lumière et d'ombre entrelacées,
Que mon œil ne connaîtra jamais la sèche douleur
De ne songer aux choses au-delà de ce qu'il voit.
Richard Wilbur
Le beau qui change
Traduit de l'anglais par Alain Bosquet
La Différence
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Poplar, sycamore
Poplar, absolute danseuse,
Wind-wed and faithless to wind, troweling air
Tinily everywhere faster than air can fill,
Here whitely rising, there
Winding, there
Feinting to earth with a greener spill,
Never be still, whose pure mobility
Can hold up crowding heaven with a tree.
Sycamore, trawled by the tilt sun,
Still scrawl your trunk with tattered lights, and keep
The spotted toad upon your patchy bark,
Baffle the sight to sleep,
Be such a deep
Rapids of lacing light and dark,
My eye will never know the dry disease
Of thinking things no more than what he sees.