Regarde le saule. Tu le connais depuis longtemps, depuis l'enfance. Tu l'as vu se pencher sur tant d'eaux différentes. Buté, massif, hydrocéphale, indifférent.
Vu de l'autre rive il ressemble à quelque chose comme un hérisson perché. Mais il suffit d'un nuage pour en faire une cariatide.
D'ici, il fait plutôt penser à Beethoven. Que la moindre brise s'y mette et c'est Beethoven en colère, mâchoires serrées, la rage au front, dirigeant l'Hymne à la joie.
Regarde le saule. Et son reflet qui seul a l'air d'un saule dans l'eau fuyante. |
Serge Wellens
Les Mots sont des chiens d'aveugle
Editions Folle Avoine, 2001