Au pays de mes ancêtres
d’immenses forêts de hêtres
la nuit se livrent combat.
De creuses chaussées sous terre
courent à travers les bois,
on entend marcher la guerre,
les Barbares d’autrefois.
Tout un peuple de racines
s’affaire autour d’un grand Roi
dont le trou de la poitrine
le fit passer à trépas.
Aux plaines carbonifères
iguanodon-bernissart
on entend un bruit de mer
au pas d’armes de César.
Au pays de mes ancêtres
les Vikings vont sur les flots,
des Normands sont aux rivières,
on dresse des échafauds,
mais les cathédrales montent
où s’enflamment les Croisés
et la lumière du Monde
éclaire le Crucifié.
Au pays de mes ancêtres
en cagoules et pieds nus
pénitents des jours de fête
portent la croix de Jésus,
et dans le chêne, aux taillis,
les Druides cueillent le gui.
Uylenspiegel toujours guette
et Nele est à ses côtés,
au pays de mes ancêtres
où souffle la liberté.
Géo Libbrecht
Frontières du vent
L'Audiothèque, 1960