« Sur cette terre les maisons sont fragiles », disait le père. Ce sont les peupliers qu'il soignait avec son sourire le plus fin. Même les prairies s'en vont au fil de l'eau à présent ; avec son image à lui l'homme. On entretient toujours le domaine un peu, pour que ne gagne pas la ronce. Mais le chemin et l'arbre flottent sur son sourire, derniers remous. La maison s'use dans la mémoire des enfants. Ses paroles de jardinier nous reviennent avec le vent dans les peupliers. Ni dieu ni trace. L'eau file. Les morts très lentement bougent dans les saisons. Et travailler devient le rite de leur culte. |
Jean-Claude Valin
Arrhes poétiques
Le Pont de l'Épée, 1967