On ne déracine pas les nuits qui nous habitent,
y poussent des feuilles et des branches,
viennent les oiseaux de l'amour pour chanter.
On ne déracine pas les nuits qui nous habitent,
Les graines s'y épanouissent en une forêt obscure,
dans ses broussailles, la peur est à l'affût.
De petits animaux et des fauves la hantent,
des vipères y rampent et détruisent les nids,
les panthères s'apprêtent à nous mettre en pièces.
On ne déracine pas les nuits qui nous habitent,
devenues forêts épaisses, elles nous étouffent.
Dinos Christianopoulos
Ντίνος Χριστιανόπουλος
Poésie de Grèce, 1945-1985
Actes Sud, 1992