Ce jeune roi seul qui pouvait comprendre
Pourquoi la grâce et pourquoi le printemps
Et cet oiseau renaissant de ses cendres
Se sont trouvés dans l'arbre et dans le temps.
La fleur du ciel sur l'épaule de l'ange
Ne se posait que pour cueillir les jours
L'enfant marchait, mais c'était une danse
Un rituel d'où s'échappaient toujours
Les mots fleuris d'un éternel silence.
L'arbre chantait la joie de ses ramilles
Ou se penchait pour écouter le vent
Mais cet enfant, cet oiseau dans sa vie
Nourris d'amour, perdus parmi le temps
C'était un chant venu d'une autre rive.
L'enfant passa, l'oiseau contre l'épaule
Et caressa l'écorce du regard
Il dit des mots pour des dieux qu'on ignore
L'arbre frémit percé de part en part
D'un trait plus pur que ses métamorphoses.
Ce fut le fruit, le don bien avant l'aube
D'un siècle neuf et d'un astre lointain
Quand sa clarté brilla dans les automnes
Tenant l'oiseau de flamme dans sa main
Le jeune roi passa d'un monde à l'autre.
Robert Sabatier
Les fêtes solaires
Albin Michel, 1955