Les lavis bleus de l'aube se diluent doucement.
Posé sur son buvard de brume
Chaque arbre est un dessin d'herbier —
Mémoire accroissant cercle à cercle
Une série d'alliances.
Purs de clabaudage et d'avortements,
Plus vrais que des femmes,
Ils sont de semaison si simple !
Frôlant les souffles déliés
Mais plongeant profond dans l'histoire —
Et longés d'ailes, ouverts à l'au-delà
En cela pareils à Léda.
Ô mère des feuillages, mère de la douceur
Qui sont ces vierges de pitié ?
Des ombres de ramiers usant leur berceuse inutile.
Sylvia Plath
Arbres d'hiver
précédé de La Taversée
Traductions de Sylvie Doizelet et Valérie Rouzeau
Gallimard, 1999
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Winter trees
The wet dawn inks are doing their blue dissolve.
On their blotter of fog the trees
Seem a botanical drawing —
Memories growing, ring on ring,
A series of weddings.
Knowing neither abortions nor bitchery,
Truer than women,
They seed so effortlessly!
Tasting the winds, that are footless,
Waist-deep in history —
Full of wings, otherworldliness.
In this, they are Ledas
O mother of leaves and sweetness
Who are these pietàs?
The shadows of ringdoves chanting, but chasing nothing.