12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 06:09
  

Quand je vois des bouleaux penchés de gauche et de droite

À travers la ligne d'arbres plus rigides et plus sombres,

J'aime penser que quelque garçon les a balancés.

Mais alors les branches ne reposeraient pas ainsi.

Ce sont les tempêtes de neige qui font cela.

Souvent vous avez dû voir les branches

Chargées de glace un matin d'hiver ensoleillé

Après une ondée. Elles font un cliquetis

Quand le vent s'élève, et deviennent multicolores

Lorsque le mouvement fait craqueler leur émail.

Bientôt la chaleur du soleil leur fait verser des écailles de cristal

Éparpillant en avalanche la croûte de neige —

Ce sont des tas de verre brisé à enlever ;

Vous croiriez que l'intérieur du ciel est tombé.

.   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   .   . 

Mais ce que j'allais dire quand la vérité m'a arrêté

Avec toutes ses précisions prosaïques sur la tempête de neige

C'est que j'aurais préféré que ce fût quelque garçon qui les eût courbées

Alors qu'il sortait pour aller chercher les vaches —

Quelque garçon trop loin de la ville pour apprendre à jouer au baseball

Et dont le seul jeu était celui qu'il avait trouvé lui-même,

Pour l'hiver comme pour l'été, et pouvait jouer tout seul.

Un à un il apprivoisait les arbres de son père

En les chevauchant maintes fois pour les déraidir,

Et il n'y en avait aucun qui ne devînt docile, et il n'y en avait aucun

Dont il n'eût triomphé ! Il avait appris tout ce qu'il y avait à apprendre

Pour ne pas les laisser partir trop vite

Et ne pas entraîner les arbres précipitamment

Vers le sol. Il gardait toujours son équilibre

Sur les branches les plus hautes, montant avec autant de soin

Que lorsque vous remplissez une tasse

Jusqu'au bord et même un peu plus haut que le bord.

Puis il s'élançait, les pieds en avant, cela faisait un sifflement,

Il envoyait des coups de pied pour se frayer passage de l'air à la terre.

Moi aussi j'étais autrefois un balanceur de bouleaux ;

Et je rêve d'en redevenir un,

Quand je suis las des réflexions,

Et que la vie est trop comme un bois sans chemin

Où votre visage brûle et est chatouillé par les toiles d'araignée

Qu'il a rompues en passant, et qu'un de vos yeux pleure

Parce qu'une brindille l'a cinglé, tout ouvert.

Je voudrais partir de la terre pour un temps

Et puis retourner à elle et tout recommencer.

Que le destin ne fasse pas exprès de mal comprendre

Et ne m'accorde qu'à moitié ce que je demande et ne m'attrape

Pour ne plus me laisser revenir. La terre est l'endroit désigné pour l'amour ;

Je ne sais où il se porterait mieux.

Je voudrais aller en montant sur un bouleau,

Et remonter les branches noires le long du tronc blanc comme la neige

Vers le ciel, jusqu'à ce que l'arbre ne puisse plus me porter

Mais abaisse sa cime et me repose sur le sol.

Ce serait bon de m'en aller et de revenir.

On pourrait trouver pire que la vie d'un balanceur de bouleaux.

 

 

 

 

 

Robert Frost

Traduction de Jean Wahl

Revue Fontaine, 1945

 

 

 

 

                               

 

 

 

Birches

 

 

When I see birches bend to left and right
Across the lines of straighter darker trees,
I like to think some boy's been swinging them.
But swinging doesn't bend them down to stay.
Ice-storms do that. Often you must have seen them
Loaded with ice a sunny winter morning
After a rain. They click upon themselves
As the breeze rises, and turn many-colored
As the stir cracks and crazes their enamel.
Soon the sun's warmth makes them shed crystal shells
Shattering and avalanching on the snow-crust

Such heaps of broken glass to sweep away
You'd think the inner dome of heaven had fallen.
They are dragged to the withered bracken by the load,
And they seem not to break; though once they are bowed
So low for long, they never right themselves:
You may see their trunks arching in the woods
Years afterwards, trailing their leaves on the ground
Like girls on hands and knees that throw their hair
Before them over their heads to dry in the sun.
But I was going to say when Truth broke in
With all her matter-of-fact about the ice-storm
(Now am I free to be poetical?)
I should prefer to have some boy bend them
As he went out and in to fetch the cows

Some boy too far from town to learn baseball,
Whose only play was what he found himself,
Summer or winter, and could play alone.
One by one he subdued his father's trees
By riding them down over and over again
Until he took the stiffness out of them,
And not one but hung limp, not one was left
For him to conquer. He learned all there was
To learn about not launching out too soon
And so not carrying the tree away
Clear to the ground. He always kept his poise
To the top branches, climbing carefully
With the same pains you use to fill a cup
Up to the brim, and even above the brim.
Then he flung outward, feet first, with a swish,
Kicking his way down through the air to the ground.
So was I once myself a swinger of birches.
And so I dream of going back to be.
It's when I'm weary of considerations,
And life is too much like a pathless wood
Where your face burns and tickles with the cobwebs
Broken across it, and one eye is weeping
From a twig's having lashed across it open.
I'd like to get away from earth awhile
And then come back to it and begin over.
May no fate willfully misunderstand me
And half grant what I wish and snatch me away
Not to return. Earth's the right place for love:
I don't know where it's likely to go better.
I'd like to go by climbing a birch tree,
And climb black branches up a snow-white trunk
Toward heaven, till the tree could bear no more,
But dipped its top and set me down again.
That would be good both going and coming back.
One could do worse than be a swinger of birches.

SG

 

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Sylvie Gaté