Sous le soleil de l'Arménie je suis
Un arbre
Tout verdoyant et large ouvert
Mes pieds puissants comme serpents
Se nouent autour des tombes
Sacrées de notre terre
Les bras ouverts aux vents je resterai ainsi
Comme Jésus sur la montagne.
Là-bas, dans le lointain, voici
Les vastes champs de blé
Marchent les moissonneurs comme de grands oiseaux
Dans les champs sur la terre. Et je vois,
Sur l'herbe odorante et brûlée,
Des gamins vifs et malins chasser vers le village
Le bétail en grand nombre
Sous le regard incandescent de l'Astre.
Ô socs d'acier
Qui luisent au soleil
Vos baisers de feu sont morsures
Au ventre noir et vierge
De notre terre.
La nuit dans les vergers tendres et bleus
Pâles et parfumés par la présence de
La lune,
Les amants vont à la cueillette
Les larmes ne nos ancêtres
Sont des grains, cette nuit, de raisin
Délicat — ils ont la fine transparence de
La lune.
Sur les champs se répand une
Brumeuse bénédiction et les grillons
Gais et gris à l'unisson sont des cymbales
Et se mêlent à cette prière
Dans nos cœurs.
Sous le soleil de l'Arménie je suis
Un arbre
Tout verdoyant et large ouvert.
Les bras ouverts aux vents je resterai ainsi
Comme Jésus sur la montagne.
Zaven Surmélian
Traduit par Marc Delouze
La poésie arménienne
Anthologie
Les Éditeurs Français Réunis, 1973