Un arbre se lève.
Un arbre là-bas soutient le ciel sans âge.
Attaché à son désordre, il n'appartient plus aux
saisons ; il considère sans ruse l'alouette morte
dans son chant. Sa couleur est transitoire.
Quel secours accorder à son geste déchu ?
Devant lui nos mains sont un reliquaire étroit,
jeté à la machine du vent.
Nous pouvons désormais croire à la lenteur,
lui donner une assise intraitable, nouer nos basses
intrigues à son ampleur, à son doute insistant.
Lécher comme un lait des tendresses rebelles.
S'il s'agit de l'absence, de ce nid de l'absence,
les heures s'alourdissent.
S'il s'agit de la mort, elles tombent comme des
fruits déshabillés de la soif qui les fit naître.
Ah, tant que le poème nous précède, c'est que
nous tournons le dos à la lumière !
Jean-Pierre Siméon
Les douze louanges
Cheyne Éditeur, 2001