Poète !
Il n'ose, ayant mis son cœur à l'école,Sans l'appui du bâton que l'Art lui a fourré
En main, faire un seul pas
et doit rire ou pleurerUniquement selon précepte ou protocole.
Prends pour Art la Nature, et la vie pour ta soif !
Laisse donc le poltron s'abreuver au marais,
De peur, quand le Critique grave et froid l'aurait
Tué, que le Mépris ne fit son épitaphe.
La fleur des prés, comment, si petite et jolie,
Peut-elle oser s'ouvrir ? Parce que libre elle est
Jusques à la racine et, par là même, hardie ;
De même la grandeur de l'arbre en la forêt
N'a point pour cause une mise en moule formelle
Mais sa vitalité divine personnelle.
William Wordsworth
Poèmes
Traduction de François-René Daillie
Gallimard, 2001
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