Près du grand chêne centenaire
Qui dans l'immense forêt vit,
Ah ! Dieu, que l'homme sur la terre
En s'agitant paraît petit !
À l'hiver, quand les feuilles mortes
Jonchent le sol de la forêt,
Les vents chantent des basses fortes,
Et le concert est incomplet.
Sitôt que le printemps arrive,
La scène change, et mille oiseaux
Égayant la nature active
Préludent aux concerts nouveaux.
Et puis les insectes bourdonnent ;
Le loup hurle dans le lointain ;
Les nuages courroucés tonnent ;
Le bûcheron gagne son pain ;
Les gazons perlés de rosée
Offrent un siège pour s'asseoir ;
Et là-haut, la nuit irisée
S'efface dans l'ombre du soir.
Je rêve ; et la lune splendide
S'allume et monte dans l'azur ;
Puis le rossignol, dans le vide,
Lance son ramage si pur.
Oh ! vraiment la forêt est belle,
Belle la nuit, belle le jour,
Une âme entière vit en elle,
Une âme de paix et d'amour.
Guillonville, septembre 1874.
C. Touche
Les adolescentes : poésies
Éditeur : J. Brosseron (Chartres), 1876