(Extrait)
Il y a tant d'ombre
Entre la lumière et moi
Que je n'avance qu'avec peine
Mais il faut que je touche
À chaque chose à toute chose
Pour les aimer pour les comprendre
Mes ongles s’enfoncent dans la terre
Comme racines amoureuses
Toute la nuit remonte jusqu'à moi
Jusqu'à ces yeux fermés
À cette bouche close
Et à ce rêve obscur
Où je me continue
*
De la Loire à la Marne
J'ai salué les arbres verts
J'ai porté le soleil sur mon dos
Comme un petit enfant
J'ai embrassé la neige
Et j'ai prié le vent et j'ai chanté la mer
J'ai écrit par amour des mots imaginaires
Avec ce cœur bruissant comme un essaim d'abeilles
*
Ainsi
J'ai emprunté tout un langage
De racines de feuilles de secrets inviolés
Et je m'en vais couvert de ces paroles
Et je m'en vais avec les peupliers
Dans cette usure amère des années.
(Chant pour la Terre, 1976)
André Peragallo
Jalons
Plaise au souvenir 1977-1982
Barré-Dayez Éditeurs, 1983