Là où s'arrêtent les vieux de mon pays, souffle et jambes effondrés, s'arrête aussi l'arbre : il n'atteindra jamais le sommet de la montagne.
Cela tient à l'inaccessible orgueil des cimes qui ne partagent l'accoudoir du ciel qu'avec la buse et le vent.
Désigné aux coups de boulet du tonnerre, il se tient sur un promontoire, en avant de la forêt.
Devant lui, vers la matrice d'une faille, il projette sa graine, aussitôt dispersée et qui retombe derrière lui.
Alors, il s'épuise de solitude. Autour de lui, s'affairent les chiens à sangliers de l'ouragan. |
Guy Bornand
La Remue
le dé bleu, 1989