La lune jaune est comme un brasier qui se meurt
En l'immensité vide où montent des fusées.
La Ville est un monceau de pierres écrasées...
Le vent qui rôde est lourd de lointaines rumeurs.
Broussaille de démence aux ramures croisées,
Les fils de fer grinçants menacent les hauteurs.
Du fond d'abris visqueux d'invisibles guetteurs
Frissonnent par les trous de capotes usées.
Devant eux la ténèbre étend son cauchemar.
Mais, dominant la pleine où plonge le regard
Des guetteurs éperdus que leur ombre exaspère,
Trois arbres ébranchés se tordent en ce lieu.
Crispés comme jadis les gibets du Calvaire,
Lorsque, battus d'angoisse, ils attendaient un Dieu.
R. Christian-Frogé
Poètes angevins d'aujourd'hui
Anthologie par Marc Leclerc
Paul Lefèbvre, 1922