Toi qui tends tes doigts à la flamme,
Souviens-toi du grand orme debout
Qui tenait tête à la tempête.
Tu y grimpais à l'aventure,
Chaque branche t'offrait son domaine
D'écorce, d'oiseaux, de lumière.
Le vent chantait dans sa mâture
Et la nuit rassemblait ses étoiles
Dans les filets de sa ramure.
Tu regardes danser le feu.
La bûche crépite, se fend,
Elle soupire encore un peu,
Puis s'écroule comme un château
De braises et de cendres bleues.
C'était là le dernier adieu
De ton vieil ami, le vieil ormeau,
De l'ormeau qui reste vivant
Au cœur de tes songes d'enfant.
Pierre Gabriel
Le cheval de craie
le dé bleu, 1997