4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 07:01

 

Foulant d'un large pied la sente rouge et blonde,

Sous les soleils d'Automne, il allait le matin,

La hache sur l'épaule ; et la forêt profonde

Tremblait, voyant en lui l'arrêt du vieux Destin.

 

Oh ! Comme il était beau quand la rude cognée

Volait entre ses mains ! Comme il se sentait roi !

Et le chêne géant, l'aulnelle dédaignée,

Le frêne, ce marquis des bois, pleuraient d'effroi.

 

Blanche, après la rosée, au bord des feuilles jaunes,

Une goutte perlait, larme des moribonds,

Pendant qu'aux noirs taillis fuyaient les petits faunes

Bondissants et craintifs, pauvres dieux vagabonds !

 

Des sanglots étouffés remplissaient la campagne,

Les arbres gémissaient dans le calme des nuits,

Et tous les bois qui vont de Lorraine en Champagne

S'agitaient à la brise, avec d'étranges bruits.

 

Mais un chêne noueux, soulevant sa racine

Sous les pas du bourreau, le fit tomber un soir ;

L'homme se mit à rire : Eh bien, l'on m'assassine !

Paix les arbres, et puis demain... il faudra voir !

 

Saisissant, dès l'aurore, en un coin de sa chambre,

Sa hache au dur tranchant, le jeune bûcheron,

A travers le linceul des brouillards de novembre,

Partit, jetant au ciel un sonore juron.

 

Il s'arrêta bientôt retrouvant le vieux chêne

De la veille, et moqueur, le frappa rudement ;

L'arbre frémit de rage impuissante et de haine,

Oscillant sur son pied dans un long craquement.

 

Car vous ne savez pas, ô citoyens des villes,

Que les arbres blessés souffrent ; je les ai vus

Secouer tout à coup les terres immobiles,

Et vers l'azur sacré tordre leurs bras feuillus.

 

Le bûcheron frappait, s'animant; l'arbre énorme

Remuait sous les coups et la bise, il semblait

Voir l'horrible combat d'un cyclope difforme

Et d'un mortel au cœur hardi. Le sol tremblait.

 

Le vent souffla plus vif. Le chêne sur la sente

S'abattit brusquement. Un grand cri, ce fut tout...

— Le soleil, à travers la brume blanchissante,

Se levait, radieux comme aux lointains mois d'août.

 

Et l'antique forêt célébrait sa victoire,

Adorant l'astre dieu, maître de la clarté,

L'éblouissant Phoebus qui montait dans sa gloire ?

Car les arbres des bois vivent, en vérité.

 

 

 

 

Gabriel de Pimodan

Poésies de Pimodan. Lyres et clairons.

Le Coffret de perles noires...

Vanier, 1899

 

 

 

 

 

 

bucheron

 

Source : Bibliothéque nationale de France

SG

 

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Sylvie Gaté