Ce jour-là, Vinobâ évoqua aussi une ancienne tradition bouddhiste qui consiste à honorer la nature en plantant des arbres. Il me raconta comment, au IIIè siècle av. J.-C., le grand empereur indien Ashoka, sensible aux idées bouddhistes, avait demandé à ses sujets de planter et d'entretenir au moins cinq arbres au cours de leur vie. Et pas n'importe lesquels : ces cinq arbres, avait-il précisé, devaient comprendre un arbre médicinal, un arbre fruitier, un arbre susceptible de fournir du bois de chauffage, un autre assez solide pour servir de bois de construction et un dernier choisi pour la beauté de ses fleurs. L'ensemble ainsi constitué formait ce que l'empereur appelait le panchavati, le bosquet des cinq arbres. En traversant le Kerala, je remarquai que certaines familles chrétiennes décoraient un arbre de Noël en signe de respect pour tous les arbres du monde. Contrairement aux chrétiens d'Europe, ceux du Kerala laissent leurs arbres de Noël en terre et les décorent sur place, dans leur jardin ou dans leur champ. Au Kerala, on ne coupe pas d'arbres pour fêter Noël : on en plante. |
Satish Kumar
Tu es donc je suis
Traduit par Karine Reignier
Belfond, 2010