Une forêt à demi abattue,
De grands trembles agités
Et l'embrumement rosé des cieux :
De nuit je sors d'une sombre vallée
Sur la douce pente d'un coteau
Et je vois les hauteurs empourprées,
Avec une mystérieuse tendresse, éclairées
À bout portant par l'incendie lointain.
Je m'arrête et je regarde autour : oui,
Le feu ! Mais où ? Encore chez nous, voilà pourquoi
Hier ils s'étaient rassemblés ! Et fort je tire
Sur les rênes, à l'écoute de ce vague
Murmure dans les cimes comme de la pluie,
Si doucement engourdissant et sans émoi
Pour ce qui est là-bas et qui me fait peur.
27.VI.1917
Ivan Bounine
Mon cœur pris par la tombe
Traduction du russe par Madeleine de Villaine
La Différence, 1992
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