Chant d'un peuplier immense qui s'égoutte.
Un bouleau tressaille comme
si réveillait ses sanglots le chant d'amour ancien
et non le souvenir des douleurs.
La route est un miroir pour le ciel vide.
Un camion s'avance en direction du bois.
L'horizon outremer reste tapi
comme une rampe de brûleurs encore éteints.
Chant d'un peuplier qui s'égoutte et ne dit rien qui ne soit révélé.
À travers les nuages roux,
gris, or, l'avion trace une ligne aussi vraie
que la branche d'un jeune arbre.
Rien ici qui ne fût révélé et aussitôt oublié.
Rien, alors, que simplement maudit. À perte de vue, la forêt alentour.
Gérard Bayo
Un printemps difficile
Anthologie poétique
L'herbe Qui Tremble, 2010