Un arbre éperdument jette ses bras au ciel Car le lierre à la longue l'a étranglé : On le voit qui voudrait à tout prix s'agripper À tout ce qui passe en fait de nuages, brumes, Mais il ne saisit rien, et c'est l'insaisissable Qui s'empare sournoisement...
Homme pareil aux arbres Directement branché À la terre aux nuages Arbre pareil aux hommes À l'argile attaché Dans le ciel en voyage Existez-vous tous deux Suis-je de votre race Ou bien d'un autre monde Riche d'un grain de sable Je me veux éternel L'éclair...
L e banyan tire. Ce géant ici, comme son frère de l’Inde, ne va pas ressaisir la terre avec ses mains, mais, se dressant d’un tour d’épaule, il emporte au ciel ses racines comme des paquets de chaînes. À peine le tronc s’est-il élevé de quelques pieds...
Le tronc court et noueux, la branche forte et torse, Que nul autan de ses bourrasques n'infléchit, Tel jadis le connut Homère, arbre affranchi Du temps qui crevassa de rides son écorce, Captivant tout l'azur en son feuillage clair, Vertical, et d'un vert...
La nuit est rose Et veille au grain. Les Arbres se préparent à sortir Et s'affairent longuement Autour de leur psyché. Ils s'en iront rejoindre Jusqu'à l'aube implacable Le Seigneur de ces bois Et sa cour de légende. Ils s'en iront danser Sur un air de...
Dans les vieilles forêts où la sève à grands flots Court du fût noir de l’aulne au tronc blanc des bouleaux, Bien des fois, n’est-ce pas ? à travers la clairière, Pâle, effaré, n’osant regarder en arrière, Tu t’es hâté, tremblant et d’un pas convulsif,...
Au cœur du chêne creux vivent des chenilles Elles s'y nichent et cachent leur corps nu Au cœur du chêne creux vivent des champignons et des mousses Elles s'y enracinent et s'épanouissent Au cœur du chêne creux vivent des piverts Ils y aiguisent leur bec...
Le visage d'une forêt c'est comme si la beauté était Un secret dissimulé : ici le vert grinçant des libellules Là le bon goût négligent de l'éternité ses touffeurs et Ses ronces un chuchotis de feuilles mortes et d'orties Plus loin le froissement d'étoffes...
Les arbres meurent sans qu'on se souvienne de ceux Qui les avaient plantés les chiens le chat les oiseaux Sont notre boussole dans la lumière des jours violets Tout s'oublie qui dure plus longtemps que soi Reste Le souvenir de ces chevaux sauvages qui...
Les feuilles jaunies s'envolent, Elles ont fait leur temps ; Elles tracent paraboles Sur le firmament Des cieux tout de bleu vêtus, Blêmes et sans nuage ; Touchant des bois dévêtus Leur pudeur sans âge. Les nues branches là-haut montent, Les feuilles...
Les racines d'arbre cernaient le temple D'une vivacité féroce, elles barraient même le passage aux gens On a commencé à couper les racines une à une Alors, les briques du temple se sont écroulées une à une On a aussitôt cessé de couper les racines Lorsque...
Le Grand Arbre qui connaît tous les jurons du ciel dort comme un paquebot sur une carte postale avec de l'outremer à noyer les coursives. Il dort et la mémoire habite son sommeil de vieil aventurier au bout de ses fringales ayant posé son sac au sec des...
Les kakis du plaqueminier mourant sont doux Feuilles Fleurs Fruits minuscules Le plaqueminier mourant les lâche tous À peine, sans force Il est chargé de quelques rares kakis Les pommes du pin mourant sont abondantes Aiguilles Pollen Senteurs Le pin mourant...
Est-ce justice de le voir Le dernier revêtu de feuilles Le premier mis à nu Par les vents de l'automne Et l'on dit que son ombre Glace comme la mort Pourtant quel autre Irradie d'une telle douceur Le jour d'été qui tombe Et défaille sur l'herbe Anne Perrier...
La petite fille fait tinter sa pelle de fer bleue sur le ciment de la cour. Elle fait voler quelques feuilles de platane. Le petit garçon balaie ce cimetière d'automne. Il est des feuilles qui bougent, exhibant leur injurieuse verdure (injure à la mort)....
É pargnées en cet instant heureux de fête des premières bourrasques et des ombres du vent sur le sol déjà dur, elles hésitent à danser dans le ciel à la portée de leur lumière et préfèrent tomber au voisinage de leurs ailes en attendant la neige atteindre...
Toute la plaine autour d'un hêtre, nous ne tiendrons qu'à ce qui s'offre. Les mûres sont cueillies, le vent s'allume au creux des haies seulement pour l'oreille. Espace des samares, l'automne avec l'érable, la saison de l'enfance. Cette crainte de croître...
Un arbre comme un cheval qui se cabre pour partir sur les hauteurs au galop de ses contes un arbre qui ramasse le silence le chant de l'eau invisible dans les puits de sa voix un arbre comme un bateau qui navigue entre les icebergs ou comme une île offerte...
On ne sait depuis quand vieux de plusieurs siècles sans doute l'orme embrasse le kiosque du village De ses branches ramifiées de tous côtés il soutient l'été intense mais sans âme qui vive Je songe à celui qui habitait son ombre appuyé contre le vieil...
Regarde le saule. Tu le connais depuis longtemps, depuis l'enfance. Tu l'as vu se pencher sur tant d'eaux différentes. Buté, massif, hydrocéphale, indifférent. Vu de l'autre rive il ressemble à quelque chose comme un hérisson perché. Mais il suffit d'un...
Écraser les souvenirs comme les feuilles mortes feuilles mortes couleur de crépuscule déjà pourritures multicolores et nécessaires au pied des arbres dépouillés et qui doivent refleurir après un long silence le long silence de l’espoir après le désespoir...
Le vieux chêne fendu en deux par un éclair un soir à l'heure du dîner calciné sans avoir pris feu littéralement ouvert — éventré j'avais envie d'écrire bien que les arbres n'aient pas de ventre — par la foudre j'étais enfant j'étais à quelques mètres...
Est-ce que la feuille Attendrait le vent, Est-ce que la feuille et son rameau Se prêteraient au vent, Est-ce que la feuille Irait au vent, Est-ce que la feuille et son rameau Pardonneraient au vent, Est-ce que la feuille Ferait un signe au vent, Est-ce...
Je marche me demandant s'il va pleuvoir c'est quelque chose de pouvoir en toute liberté descendre à gauche monter à droite aller là où mes pas veulent aller je vois l'arbre à l'angle du boulevard le photographie comme un ami tout bien considéré je suis...
Il en fut ainsi cet automne les feuilles ne tombèrent pas contrairement à l'habitude mais les arbres se tenaient verts et nous par la main jusqu'à ce que le destin jaune, très jaune me pince au moment où tombaient les feuilles Steinunn Sigurðardóttir...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté