Du haut des falaises de Rocamadour, Lot Un arbre noir dort sur la plaine terres brûlées de nos grands Causses où l'on entend geler les pierres quand l'hiver se montre cruel Son histoire de vie a traversé les âges mêlée de solitude de lutte et de survie...
Jacques Lacarrière Jacques Lacarrière
Près du songe, la pierre du toit, la poussée, le cri, la vocifération et les feuilles qui palpitent, milliers de soupirs jetés en pâture au ciel, peu à peu je deviens, je monte, je m'agrippe. Un bras et un coude, ma branche ne casse pas, cristal de l’incertitude,...
Forêts grises. Feux couverts. Les collines désertes. Le vent de la terre souffle dans le bois mort bougeant à peine l'herbe de paille. La pierre humaine a pris la couleur des rochers. Les genêts de leurs fouets barrent les chemins. Des ruisseaux coulent...
Derrière chaque arbre se cache une âme À midi Derrière chaque arbre se cache une femme Au bois joli Et à l'ombre de mon ennui Je meurs d'envie Et à l'abri de mes soucis Je vis ma vie Derrière chaque arbre s'abrite un cœur À minuit Sous chaque feuille...
J’ay ung arbre de la plante d’amours, Enraciné en mon cueur proprement, Qui ne porte fruits, sinon de dolours, Fueilles d’ennuy et fleurs d’encombrement ; Mais, puis qu’il fut planté premièrement, Il est tant creu, de racine et de branche, Que son umbre,...
De l'arbre ou de l'os, de l'ombre ou de l'âme, tu ne sais toujours pas quelle rage te consume, quel règne te couronne, végétal ou divin, de quel ordre tu tiens ces pouvoirs minéraux, Debout, cassé, rompu, vertical, à genoux, souche de connaissance os...
II Ce fut à vingt ans que Simplice devint complètement idiot. Il rencontra une forêt et tomba amoureux. Dans ces temps anciens, on n’embellissait point encore les arbres à coups de ciseaux, et la mode n’était pas de semer le gazon ni de sabler les allées....
Parfois le poème pousse comme un jeune arbre Fragile, ivre du moindre vent, Des souffles de la nuit, Des embruns de la mer. Je parle de poèmes qui ont toujours couché dehors, Dans le sable, le limon, La langue des forêts, Les canots périssoires. Parfois...
Dessine-moi un arbre dans la bourrasque l’épouvante engendrée par le chaos climatique Dessine-moi un arbre la flamme qui jaillit d’un cyprès ou d’un if menacés d’incendie Dessine-moi un arbre un mirage amoureux un nuage d’écorces où l’on inscrit nos vœux...
Poème autographe enluminé par René Char Poèmes en archipel, Gallimard, 2007 L’ouragan dégarnit les bois. J’endors, moi, la foudre aux yeux tendres. Laissez le grand vent où je tremble S’unir à la terre où je crois. Son souffle affile ma vigie. Qu’il est...
Avant que la forêt ne glisse dans la nuit Vois le frisson du vent qui vole sur la rive, Confiant un secret à l'oreille attentive, Un murmure de source où s'évade l'ennui. Entends ce pas léger, un satyre s'enfuit Quand la chouette hulule une note plaintive,...
FACE MER, crevé par le vent, face terre, enraciné vivant, le pin maritime, meurtri et fourbu, ne s'avoue pas vaincu. Courbé plus encore, il vivra d'autant plus. Son ancrage dans la falaise, son inclinaison vers les sentiers de sable et les premières maisons...
À mes lèvres je porte ces verdures, Ce gluant jugement de feuilles, Cette terre parjure, mère Des perce-neige, des érables, des chênes. Vois comme je deviens aveugle et fort De me soumettre aux modestes racines, Et n'est-ce pas trop de splendeur Aux yeux...
Arbre depuis toujours près du ruisseau dans la plaine reprenant les grands chants de mer et le patois des lavandières. Venaient dormir dans les racines hommes et femmes des cultures, les musaraignes et les chats, après les guerres de famille. Sur le tronc...
À l'aube on te trouvait toujours entre deux arbres nue et ton cou immense reposant dans les branches et tu étais ton propre aveu d'amour toi l'unique théorbe savante et comme sourde gémissant sur toi-même habitante d'une principauté de musique dans la...
Le bonheur est dans le pré Cours-y vite Cours-y vite Paul Fort Quand la raison ne tient plus à la rime La rime saisissant la balle au bond Saute par-dessus la haie du Bonheur Qui paissait dans le pré Quand le bonheur pour ne pas passer Monte sur l’arbre...
Cela monta de la terre vers lui, monta, tu à l'abri du tronc silencieux, devint flamme dans la fleur claire, jusqu'à se taire à nouveau. Et fructifia tout au long d'un été dans l'arbre nuit et jour affairé, et se connut : multitude affluant contre l'espace...
Pins qui restez debout à crier, malhabiles, Sur l'étendue des landes Où rien ne vous entend que l'espace en vous-mêmes Et peut-être un oiseau qui fait la même chose — Lorsque vous avez l'air d'être ailleurs, occupés, Livrés à tous les ciels qui sont livrés...
Tant d'oliviers Lequel faudrait-il choisir Pour qu'un poème s'inscrive en son gris d'argent singulier En son dessin d'arbre où le temps n'a plus d'âge En tout cas pas moins Que tout le bassin cultivé de la Méditerranée, un poème Qui serait (même si peu)...
Ils supportent le poids de la légende Dans un silence délicieux Ils supportent la gloire des Dieux Sans artifice Sans mensonge Ils supportent l'indifférence des voyageurs Dans le souvenir de leur amour... Les paysans qui les montrent du doigt Ne savent...
L'été enterré au pied du pommier Nous perdions de vue septembre et son saint voleur d'étincelles Ses feux enfumaient l'encrier Réchauffaient les pieds transis de l'alouette L'odeur de la première neige effaçant la clôture Le jardin avec son arbre muet...
Toi qui tends tes doigts à la flamme, Souviens-toi du grand orme debout Qui tenait tête à la tempête. Tu y grimpais à l'aventure, Chaque branche t'offrait son domaine D'écorce, d'oiseaux, de lumière. Le vent chantait dans sa mâture Et la nuit rassemblait...
Courir... Les rides d'un vieux tronc suffisaient à ma joie l'écho ténu des gravillons réfractait l'éclat de mes pas Tout ce qui passait était bon à prendre même un restant de lune entre les toits penchés Même un filet de voix tendu sous l'écorce. François-Xavier...
Quand tu rencontres un arbre dans la rue, dis-lui bonjour sans attendre qu'il te salue. C'est distrait, les arbres. Si c'est un vieux, dis-lui «Monsieur». De toute façon, appelle-le par son nom : Chêne, Sapin, Bouleau, Tilleul... Il y sera sensible. Au...
Des poètes...
À ce jour,
Sylvie Gaté